Voilà une voiture qui va faire parler d’elle. Créer le « buzz », comme on dit. Des comme ça, il faut bien le dire, on n’en rencontre pas tous les jours dans nos rues. Un cube, quatre roulettes, des parures peu banales… Nissan pousse loin l’art du décalage. Et ça devrait marcher, le volume habitable libéré par cette forme très particulière aidant. Reste, sur le fond, une auto ordinaire, sans talent particulier ni défaut majeur.
Par Jean Bourquin
Une leçon d’histoire, ça vous dit ? Il était une fois, donc, un pays où l’on demande aux constructeurs automobiles de produire des véhicules très particuliers, essentiellement destinés à leur marché domestique. Petits, hauts et pas très larges, pour les résumer, en raison d’une législation qui taxe lourdement les voitures qui prennent de la place. La superficie du Japon, plus que surpeuplé, n’est, il est vrai, pas extensible.
Il arrive, de temps à autre, que quelques exemplaires de ces exotiques voitures traversent les océans pour tenter de mener carrière chez nous. Sans grand succès, le plus souvent, le Suzuki Wagon R, en son temps, et la Daihatsu Sirion en témoignent. S’il n’a rien de dangereux, le comportement routier induit par des voies étroites et un centre de gravité élevé se montre, tout de même, un rien fantaisiste…
Qu’à cela ne tienne, Nissan tente à son tour sa chance avec son Cube. Une institution, au Japon, depuis onze ans et trois générations, que le constructeur n’avait pas, jusqu’alors, juger bon d’exporter. Voilà, c’est fait, après avoir déplacé le volant de la droite vers la gauche.
Le nouveau venu, au demeurant, présente un avantage certain, comparé aux deux véhicules susmentionnés. Le Cube est large – 1,70 m – et repose sur des voies en rapport. En résulte une tenue de route saine et rassurante, à défaut de soulever l’enthousiasme. L’agilité, voire la précision de conduite, ne font pas partie du cahier des charges, étant entendu qu’on n’achète pas une voiture de ce genre pour se faire plaisir au volant mais pour se démarquer du commun des automobilistes. De ce côté-là, c’est gagné.
Avant d’aborder le sujet plus en détails, retenez, tout de même, que ce Cube n’est pas suspendu dans les règles de l’art. Mouvements de caisse jugulés tant bien que mal et percussions en tous genres agrémentent l’ordinaire, toutes choses qui ne font pas du confort la vertu première de ce monospace de poche.
L’insonorisation du diesel, à l’évidence traitée à la va-vite, n’arrange pas ses affaires. Il s’agit, pour présenter cette mécanique, du bien connu quatre-cylindres 1.5 dCi de 110 ch à l’œuvre sous tout un tas de capots tant chez Renault que chez Nissan. Un bon moteur, à la fois souple et volontaire, qui emmène le Cube bon train malgré son poids excessif – 1 343 kg à vide, d’après Nissan. Et sans engloutir des quantités de gazole inconsidérées – 5,2 l/100 km en cycle mixte -, les six rapports de la boîte aidant. La commande de cette dernière accroche, et c’est bien dommage.
A noter : le Cube profite également des services d’un quatre-cylindres essence 1.6 de 110 ch lui aussi, et très fréquentable. Plus porté sur la douceur de vivre que sur les envolées lyriques, ce moteur va bien au teint du Cube. Et il s’exprime sans hausser le ton. Pour tout dire, nous le préférons au diesel, d’autant qu’il boit avec modération – 6,6 l/100 km en cycle mixte.
Vient l’heure du critique d’art. Premier constat, le Cube, est dans sa forme, dessinée sans subtilités excessives, mais avec un certain sens de la provocation. Face avant verticale, capot plat, pavillon planté droit, toit plat lui aussi, poupe abrupte : difficile de faire plus simple, voire simpliste.
Certains utilitaires présentent un profil plus recherché… Conscient de problème, Nissan a donc demandé à ses designers de maquiller tout ça sans trop lésiner sur les couches de rimmel, et ceux-ci ne se sont pas fait prier. Résultat, le Cube ne passe pas inaperçu, et c’est bien là le but de manœuvre. Pour commencer, il y aurait, selon le constructeur, une lointaine similitude entre la face avant et la gueule « d’un bouledogue à lunettes »… Comme quoi les voies du marketing sont bel et bien impénétrables et pour le moins légèrement fumeuses. On peut s’y plier volontiers, comme toute fashion victim qui se respecte, mais on n’est pas non plus obligé…
Quoi qu’il en soit et toujours sur le plan visuel, l’originalité du Cube tient, pour l’essentiel, au dessin des vitres latérales et de la lunette arrière, tout droit sorti d’un cerveau à jamais marqué par les années 70. Ce n’est pas vilain – l’auteur de ces lignes adore les années 70…
A noter : la porte arrière s’ouvre latéralement, et il ne s’agit donc pas d’un hayon. Le bouquet final, en quelque sorte.
L’intérieur est traité de la même manière. Ambiance très « seventize », donc, assurée par une planche de bord en forme de virgule que n’aurait pas reniée un designer possédant les œuvres complètes d’Earth, Wind & Fire. Moi, j’aime bien, l’ensemble étant relevé par le combiné de commandes rond centré dans la console.
A part ça, tous les plastiques sont rigides, et leur assemblage est sujet à discussion, mais il faut reconnaître que cet habitacle est sympa à vivre. Un volume habitable aussi généreux, il est vrai, ça aide. La forme cubique de l’auto prend là tout son sens. Il en résulte en effet un rapport habitabilité/encombrement hors normes, étant précisé que le Cube mesure 3,98 m en longueur.
De fait, aucune voiture de cette taille n’offre autant d’espace aux places arrière, du moins pour les jambes et la tête. Les parents en quête d’une voiture peu encombrante mais spacieuse sont avertis. Et pour peu qu’ils cultivent l’art du décalage… Ils seront servis, sur les deux tableaux.
Dernier bon point mais pas des moindres, le coffre est volumineux. Compter 283 dm3, nous dit Nissan, quand la banquette est reculée au maximum, et 403 dm3 après avoir avancé le plus loin possible cette dernière. Bref et comme attendu, le Cube est une petite voiture pratique, diagnostic confirmé par la présence de nombreux rangements.
Reste la délicate question du prix. Le Cube, le fait est, n’est pas donné. 19 600 € en entrée de gamme quand l’engin s’équipe du diesel 1.5 dCi de 105 ch, c’est beaucoup. Pour rester dans le même groupe, la finition la plus haute en gamme du Renault Modus – le petit, utile précision - animé par le même moteur coûte moins cher… Le Nissan rattrape, en partie, le coup en offrant un équipement généreux.
Dans le lot et quelle que soit la livrée, un immense toit en verre fixe est fourni en série. L’objet a droit à un volet occultant ainsi qu’à un store dit japonais, traduisez translucide. Vous avez dit années 70 ? Où j’ai mis mon CD de Blondie…
J. B.
Les chiffres clés
Nissan Cube 1.5 dCi
Moteur : 4cyl. turbo-diesel
Cylindrée : 1 461 cm3
Puissance : 110 ch à 4 000 tr/mn
Couple : 340 Nm à 1 750 tr/mn
Transmission : aux roues AV
Boîte de vitesses : mécanique à 6 rapports
Longueur x largeur x hauteur : 3,980 x 1,695 x 1,670 m
Empattement : 2,530 m
Poids : 1 375 kg
0 à 100 km/h : 11,9 s.
Vitesse maxi : 175 km/h
Conso. extra urbaine / urbaine / mixte : 4,7 / 6 / 5,2
Rejets de CO2 : 135 g/km
Ni bonus ni malus
La gamme
Essence
1.6 110 ch BVM 5 – Pure : 17 400 € ; Zen : 18 500 €
Diesel
1.5 dCi 105 ch – Pure : 19 600 € ; Zen : 20 700 €
L’équipement
Pure : airbags rideaux ; antidérapage ESP ; autoradio-CD 4HP avec commandes au volant et prise auxiliaire ; climatisation manuelle ; interface Bluetooth ; jantes en acier 15 pouces ; ordinateur de bord ; régulateur/limiteur de vitesse ; toit en verre fixe avec store japonais et rideau occultant ; volant réglable en hauteur.
Zen (en plus) : climatisation manuelle ; jantes alliage 16 pouces ; lunette et vitres AR surteintées ; ouverture et démarrage sans clef.
Les options
Peinture métallisée : 470 € (sur toute la gamme)
GPS avec caméra de recul : 900 € (sur Zen uniquement)
Boîte de vitesses CVT : 1 400 € (avec la motorisation essence uniquement)