Il y a restylage et restylage. Soit, d’un côté, quelques retouches mineures, et, de l’autre, un travail plus en profondeur. Toyota a choisi la seconde solution pour remettre dans la course sa familiale dite Avensis. Non sans réussite.
Par Jean Bourquin
Il se dit souvent que Toyota produit de bonnes voitures, irréprochables sur bien des points mais sans grande saveur, tant sur le plan visuel qu’à la conduite. Il faut bien reconnaître qu’il y a quelque chose de vrai dans l’assertion, à ceci près que Toyota vend lesdites voitures comme des petits pains à travers le vaste monde. C’est donc que ça marche, la réputation de fiabilité de ses produits aidant. Souvenez-vous de la pub où un mécano désespéré, assis devant un garage au bord de la route, demandait à son compagnon : « C’est quoi, Gus, une Toyota ? » On n’est pas le premier constructeur mondial pour rien, en précisant au passage que sans le tsunami qui a durement frappé le Japon l’an dernier, Toyota aurait gardé le titre en 2011.
Il n’empêche. Toyota a entendu le message et ce faisant, opéré sur l’épineuse question du « sex appeal » de ses voitures un virage si ce n’est à 180°, du moins à 90. L’affaire a débuté à l’automne dernier avec la nouvelle Yaris, à la fois jolie à regarder et plaisante à conduire – voir notre essai de l’époque. Elle se poursuit avec la familiale Avensis, une auto qui jusqu’à présent se conformait à l’image que l’on se faisait d’une Toyota en frisant la caricature. Rigoureuse et bien pensée mais sans âme, beaucoup trop sage et de ce fait peu désirable, pour résumer. Bon, c’est sûr, Toyota ne l’a pas transformée en danseuse du Crazy Horse… Personne ne le lui demandait au demeurant, et surtout pas sa clientèle.
Il lui a cependant donné la grosse dose de caractère qui lui manquait, en remodelant la face avant dans sa totalité. Fort logiquement puisqu’il s’agit de la même génération, il y a une continuité, dans l’approche générale, entre l’ancienne mouture et la nouvelle, mais chaque élément a été redessiné dans le louable but de rendre la voiture plus expressive. Et c’est réussi. Le bouclier s’offre une large prise d’air, la calandre prend de la hauteur, les optiques sont plus stylées, et le tout compose un ensemble visuel marquant. Au bout du compte, l’Avensis reste une voiture discrète, une qualité plus qu’un défaut s’agissant d’une familiale, mais non dénuée de personnalité. Elle a de la prestance et prend même une dimension statutaire qu’elle n’avait pas auparavant. Gagné sur toute la ligne.
A l’intérieur, il n’était bien sûr pas question de tout refaire du sol au plafond. Toyota a procédé par petites retouches, en réorganisant les commandes de la console centrale, par exemple, de fait très ergonomique. La même console centrale est sculptée dans une finition métallisée, ce matériau se répand un peu partout sur la planche de bord, certains plastiques présentent un aspect plus soyeux et la sellerie est de meilleure qualité sur toutes les finitions. En clair, cette nouvelle mouture de l’Avensis paraît plus cossue que la précédente, l’écran tactile fourni d’office donnant à cette composition une touche « high tech » tout à fait dans l’air du temps. La finition est irréprochable, et c’était d’ailleurs déjà le cas au précédent épisode.
Dernier point, Toyota a redessiné les sièges, plus exactement leurs maintiens latéraux pour une meilleure tenue du thorax. Résultat, on se sent bien assis dans ce fauteuil enveloppant, épais et moelleux dans la juste mesure. Et pour bien faire, la position de conduite s’ajuste au plus près grâce à l’ampleur des divers réglages du volant et dudit siège. A ce sujet, Toyota connaît la musique et sait faire, par ailleurs, des voitures spacieuses. L’Avensis est accueillante, et c’est même sa vertu première. Le volume du coffre, en revanche, se tient dans la moyenne de la catégorie, qu’il s’agisse de la berline ou du break. Ce dernier se plie à toutes les lois du genre, en offrant une malle dessinée à l’équerre et de ce fait totalement exploitable. L’aménagement modulable du coffre – rails, barre et lanière de retenue, etc. – est disponible en option dès la seconde finition Style, moyennant 200 €. Le break, enfin, ne reçoit que les motorisations diesel.
Puisqu’on en parle, les trois mécaniques à l’œuvre sur la précédente Avensis sont reconduites. Sont donc recensés un quatre-cylindres essence 1.8 VVT-i de 147 ch et deux diesel. Soit, d’un côté, un 2.0 D4-D de 124 ch et, de l’autre, un 2.2 de 150 ch, lequel s’appelle D4-D quand il est associé à la boîte mécanique et D-Cat quand il est couplé à la boîte automatique. Dans le second cas, un filtre à NOx remplace le filtre à particules, et il y a des palettes au volant – c’est nouveau.
Dans le lot, seul le 2.0 D4-D a fait l’objet d’une profonde refonte, dans le noble but de le rendre plus propre. Dans les faits, la puissance comme le couple ne changent pas, mais bon nombre d’éléments sont repassés sur l’établi. A commencer par le turbo, désormais doté d’une commande électrique et de roulements censés réduire les frictions. Sont également concernés la pompe à huile à double étage et le carter d’huile à deux compartiments, tout comme les icleurs et la pompe à eau, eux aussi retravaillés. Au bilan, cette mécanique ne rejette du C02 qu’à raison de 119 g/km – soit 20 de moins qu’auparavant. Les gestionnaires de flottes d’entreprise sauront apprécier le geste… La consommation en cycle mixte, quant à elle, se limite à 4,5 l/100 km, sur la berline comme sur le break. La très vertueuse VW Passat 1.6 TDI fait à peine mieux avec 19 ch de moins – 4,3 l/100 km -, étant entendu qu’il est ici question des valeurs « officielles ».
A l’usage, ce moteur se signale d’entrée de jeu par l’extrême douceur de son fonctionnement. Il est souple et bien rempli dès les plus bas régimes – le couple passe de 234 à 280 Nm à 1 400 tr/mn, pour la petite histoire -, il relance sur un filet de gaz même en sixième et emmène la voiture à bonne allure – 9,8 secondes pour passer de 0 à 100 km/h, c’est un résultat très correct à ce niveau de puissance. Bref, le diesel 2.0 D4-D 124 « nouvelle formule » a tout pour lui, y compris sa discrétion. A l’évidence, Toyota n’a pas lésiné sur les insonorisants – il y en a partout, jusque dans le tunnel de transmission -, le moteur se laisse à peine entendre et même les bruits d’air et de roulement sont bien contenus. Remarquable. On aura dès lors compris où nous voulons en venir : outre son volume habitable généreux, l’Avensis a pour principale qualité son confort, que nous n’hésiterons pas à qualifier d’exceptionnel.
Voilà qui mérite explication. Pour commencer, Toyota a pris l’heureuse initiative de remettre sur l’établi les trains roulants de l’Avensis, voire sa structure elle-même puisque cette dernière a été rigidifiée. Et la direction n’a pas été oubliée elle non plus. La composition de la suspension reste la même – McPherson triangulé à l’avant, double triangulation à l’arrière, soit le top du top dans le second cas – mais tout un tas de choses ont été redéfinies. Nouveaux ancrages pour le berceau avant, fixation haute dédoublée pour les jambes, barre antiroulis plus épaisse, amortisseurs réglés dans le sens du confort : l’auto sort de l’opération transformée en offrant un compromis tenue de route/confort de marche pas loin du sans-faute.
Primo, l’Avensis est, cela va sans dire, rigoureuse et précise dans des proportions que ne renierait pas une allemande du meilleur cru, posée comme sur des rails, très sûre et très rassurante, par ailleurs excellente freineuse. Reste qu’une voiture peut être très efficace tout en se montrant empruntée, et ce n’est fort heureusement plus le cas avec l’Avensis, devenue alerte – mais pas agile, notez la nuance… - par la grâce d’une direction moins démultipliée qu’au précédent épisode. Plus directe, donc, mais aussi plus informative. En bref, on ne s’ennuie pas au volant de cette familiale et, mieux encore, on ne subit en aucun cas la route. Grosso modo, ça absorbe gros et petits chocs comme un buvard, ça ne rebondit jamais et ça ne trépide pas à faible vitesse sur les chaussées déformées. Et ça tient bien la caisse, pour bien faire. Du grand art, au final, à la manière des meilleurs spécialistes du genre que sont Ford et Renault. Ca, c’est un compliment, et un gros.
Moralité, l’Avensis a désormais tout le nécessaire en mains pour sortir de l’anonymat. Elle le mérite. Des prix maîtrisés et un équipement servi à la louche devraient aider.
J. B.
LES FICHES TECHNIQUES
Les données générales
Longueur x largeur x hauteur : 4,71 x 1,81 x 1,48 m (break : 4,78 en longueur)
Empattement : 2,70 m
Coffre : 509 dm3 (break : 543)
Transmission : aux roues AV
Suspension AV/AR : McPherson triangulé/double triangulation
Freins AV/AR : disques ventilés/disques
Avensis 1.8 VVT-i
Moteur : 4 cyl. essence, 1798 cm3
Puissance : 147 ch à 6 400 tr/mn
Couple : 180 Nm à 4 000 tr/mn
Boîte de vitesses : mécanique à 6 rapports
Poids : 1 370 kg
Vitesse maxi : 200 km/h
0 à 100 km/h : 9,4 sec.
Conso urbaine/extra-urbaine/mixte : 8,6/5,3/6,5 l/100 km
Rejets de CO2 : 152 g/km
Malus : 500 €
Avensis 2.0 D4-D 124
Moteur : 4 cyl. diesel, 1998 cm3
Puissance : 124 ch à 3 600 tr/mn
Couple : 310 Nm de 1 600 à 2 400 tr/mn
Boîte de vitesses : mécanique à 6 rapports
Poids : 1 490 kg (break : 1 520 kg)
Vitesse maxi : 200 km/h (berline & break)
0 à 100 km/h : 9,8 sec. (break : 10,1 sec.)
Conso urbaine/extra-urbaine/mixte : 5,6/3,9/4,5 l/100 km (berline & break)
Rejets de CO2 : 119 g/km (berline & break)
Ni bonus ni malus
Avensis 2.2 D4-D 150
Moteur : 4 cyl. diesel, 2231 cm3
Puissance : 150 ch à 3 600 tr/mn
Couple : 340 Nm de 2 000 à 2 800 tr/mn
Boîte de vitesses : mécanique à 6 rapports
Poids : 1 515 kg (break : 1 545)
Vitesse maxi : 210 km/h (berline & break)
0 à 100 km/h : 8,9 sec. (break : 9,2 sec.)
Conso urbaine/extra-urbaine/mixte : 7/4,5/5,4 l/100 km (break : 7,1/4,6/5,5)
Rejets de CO2 : 143 g/km (break : 147)
Malus : 200 € (berline & break)
Avensis 2.2 D-Cat 150
Même moteur que 2.2 D4-D 150
Boîte de vitesses : automatique à 6 rapports
Poids : 1 515 kg (break : 1 550)
Vitesse maxi : 205 km/h (berline & break)
0 à 100 km/h : 9,5 sec. (9,8 sec.)
Conso urbaine/extra-urbaine/mixte : 7,9/5,3/6,2 l/100 km (break : 8/5,5/6,4)
Rejets de CO2 : 183 g/km (break : 187)
Malus : 750 € (berline & break)
LA GAMME
Avensis 1.8 VVT-i
Dynamic : 26 450 € ; Style : 28 950 €
Avensis 2.0 D4-D 124
Dynamic : 27 700 € ; Style : 30 200 €
Avensis 2.2 D4-D 150
Dynamic : 28 700 € ; Style : 31 200 € ; Lounge : 34 200 €
Avensis 2.2 D-Cat 150
+ 1 500 € à chaque finition
Break SW
Ne sont concernées que les motorisations diesel. La finition SkyView remplace la finition Dynamic en entrée de gamme. + 1 000 € à chaque finition.
LES EQUIPEMENTS DE SERIE
Dynamic
Antibrouillards ; autoradio-CD MP3 avec commandes au volant, interface Bluetooth, prises USB/iPod et 6 HP ; banquette fractionnable 60/40 ; capteurs de pluie et de luminosité ; climatisation automatique ; écran tactile ; jantes alliage 17 pouces ; ordinateur de bord ; régulateur-limiteur de vitesse ; rétroviseurs rabattables électriquement ; rétro intérieur électrosensible ; sellerie tissu ; volant cuir réglable en hauteur et profondeur.
SkyView (finition d’entrée de gamme du break Avensis SW)
Idem, plus toit panoramique avec store électrique et vitrage AR surteinté.
Style (en plus)
Accès et démarrage sans clé ; audio 11 HP ; navigateur GPS Toyota Touch & Go (connexion Google, affichage SMS, etc.) ; radar de recul ; sellerie mixte cuir/Alcantara ; stores de vitres et lunette AR (berline) ; rails et crochets de coffre (break).
2.2 D-Cat 150 : idem, plus régulateur de vitesse avec calcul de la distance et prévention de collision, phares au xénon directionnels et feux diurnes et AR à diode.
Lounge (en plus)
Feux diurnes et AR à diode ; jantes 18 pouces ; navigateur GPS 3D (commande vocale, info trafic, e-mails, agenda, etc.) ; phares au xénon directionnels ; réglage du volant électrique ; sellerie cuir perforée ; sièges électriques et chauffants.
LES OPTIONS
Navigateur GPS Toyota Touch & Go : 700 € sur Dynamic/SkyView
Radars de stationnement AV : 350 € sur Style et Lounge
Eléments d’aménagement du coffre sur break : 200 € sur SW Style et Lounge
Peinture métallisée : 530 € sur toute la gamme