Toyota « décompacte » le Rav4 pour en faire un SUV de classe intermédiaire, désormais rival direct, par la taille, des Mazda CX-5 et Honda CR-V. L'engin est abouti, sans défaut majeur et ce faisant en mesure d'occuper à nouveau la place qui a longtemps été la sienne. La première. Les prix attractifs font le reste. Pour le Rav4, les affaires reprennent.
Par Jean Bourquin
Le Rav4 change de nature. Passe d'une catégorie à la suivante, plus exactement. En d'autres termes, Toyota l'a « décompacté » pour en faire un SUV de classe intermédiaire, en ne prenant en considération que les seules dimensions. D'une génération à l'autre, l'engin gagne 21 cm en longueur et 3 cm en largeur, l'empattement suivant le même mouvement par la force des choses, lui qui s'allonge de 10 cm. Dans le même temps, le Rav4 rapetisse, en hauteur, de 3 cm, au plus grand profit de son profil aérodynamique et des consommations qui en résultent – voir la fiche technique ci-dessous pour les données. Dans le même ordre d'idées, l'usage intensif d'acier à très haute limite d'élasticité limite la casse sur la balance. Partant de là, le nouveau venu ne pèse pas plus lourd que son prédécesseur quand il est emmené par le diesel 2.2 D4-D de 150 ch, reconduit pour l'occasion.
On l'aura compris, on ne parle plus du même engin, le Rav4 rejoignant désormais la catégorie des SUV communément baptisés « familiaux », dont la taille varie entre 4,56 et 4,66 m. L'espèce retient, pour l'heure et ne citer que les véhicules les plus récents, les Mazda CX-5, Honda CR-V, Subaru Forester, à l'essai prochainement dans nos colonnes, et Mitsubishi Outlander. Plus imposant, le Hyundai Santa Fe ne joue pas, entre parenthèses, dans la même cour. Ses prix plus élevés l'attestent. Que des japonais, vous l'aurez noté, mais tout indique que les constructeurs européens « décompacteront » à leur tour leurs SUV concernés le moment venu.
Pour une raison simple. Il faut, de fait, libérer la place pour les « SUV urbains » - entre 4,10 et 4,30 m, pour les résumer -, un genre à part entière qui aujourd'hui se peuple à un rythme soutenu, la déferlante d'engins de ce type constituant le fait le plus marquant de ce début d'année automobile. A ce propos, les observateurs avisés estiment peu probable l'absence prolongée de Toyota sur ce marché très prometteur. Arrivé trop tôt sous une forme mal définie, l'Urban Cruiser sera, nul n'en doute, remplacé par un engin plus au goût du jour dans un délai assez bref. Rien ne transpire, à cette heure, sur la question, mais ceci explique en grande partie la sévère cure d'anabolisants qu'a subi le Rav4. Lequel mesurait 3,70 m en version trois-portes à ses débuts en 1994, pour mémoire... Comme quoi le « SUV urbain » ne date pas d'aujourd'hui – rappelez-vous le Mitsubishi Pajero Pinin du début des années 2000, par ailleurs authentique 4x4 de franchissement. Cette carrosserie redevient à la mode, c'est tout.
La parenthèse fermée, cette croissance subite a pour effet immédiat de rendre le nouveau Rav4 plus habitable que son prédécesseur, dans des proportions assez spectaculaires. Aux places arrière, plus précisément, où chaque occupant peut étendre ses jambes à loisir, garder la tête bien droite sans la cogner dans le plafond et mouvoir ses bras en toute liberté. Bref, on respire à bord du Rav4, la sensation d'espace n'est pas artificielle mais bien réelle, mesurable. Pour parfaire le tout, la place du milieu demeure fréquentable, les places latérales sont bien formées, presque creusées, et, en prime, leur dossier s'incline, dès la finition d'entrée de gamme au demeurant. L'impression de voyager en première classe n'est pas vaine...
Pour le reste, le vaste coffre s'agrandit de manière classique, en un seul geste, avec à la clef une surface de chargement plane. Seul regret, les passages de roues « mangent » ladite surface, mais en compensation, le seuil de chargement est bas et l'accès, large. Via un hayon, utile précision, Toyota ayant jugé bon d'envoyer aux oubliettes l'anachronique portière arrière qui faisait jusqu'alors le charme, façon de parler, du Rav4. Au terme de cette visite, le Rav4 se révèle donc spacieux et pratique, d'innombrables rangements complétant le tableau dans le second cas. Premiers bons points, à fort coefficient.
Derrière le volant, tout va bien là encore. L'assise du siège un poil trop courte mise à part, la position de conduite est irréprochable, l'amplitude généreuse des divers réglages aidant. Ledit siège n'est ni trop dur ni trop mou, son dossier épouse le dos et ses rebords maintiennent ce dernier dans les règles de l'art. Certains de nos confrères affirment le contraire, mais il faut bien reconnaître qu'ils sont moins corpulents que l'auteur de ces lignes... Comme quoi l'appréciation d'une position de conduite est une affaire avant tout subjective, quasi personnelle. La planche de bord rectiligne n'a quant à elle aucune chance de remporter un quelconque prix dans un concours de design, à ceci près que cette disposition sur deux étages autorise un accès direct et aisé aux principales commandes, regroupées sur la partie haute à portée immédiate de la main droite du conducteur. En clair, c'est fonctionnel à défaut de ravir l'oeil de l'esthète, et c'est très bien comme ça. A notre avis, du moins, d'autant que l'ensemble ainsi constitué n'est pas moche non plus.
Comme à son habitude, enfin, Toyota abuse des plastiques rigides, ce qui est mal vu dans les milieux autorisés, surtout à ce niveau de prix, le revêtement en cuir ou simili-cuir, selon les finitions, du premier étage de la planche de bord atténuant toutefois le propos. Ce mobilier, toujours est-il, respire la robustesse, quelque chose dit qu'il résistera bien à l'usure du temps, comme en témoigne l'assemblage très rigoureux de ses divers composants. En résumé, s'il existe plus valorisant ailleurs, c'est très bien fait et très bien construit. Du Toyota pur jus.
Moteur. Autant commencer, pour le coup, avec le diesel 2.2 D4-D de 150 ch hérité du précédent Rav4. L'article peut être associé aux deux types de boîte, mécanique et automatique, et entraîne exclusivement les quatre roues, pour dresser le cadre. Un rien inerte dans les basses rotations, il a de la force quand il se réveille et emmène donc le Rav4 sans mollir dans l'effort, en particulier dans les relances à mi-régime. Etagée « serrée » sur les cinq premiers rapports, la boîte mécanique le seconde à merveille, tout comme, d'ailleurs, la boîte automatique, laquelle réagit à bon escient quel que soit le type de conduite adopté. La commande séquentielle ne s'utilise, de fait, que sur les parcours sinueux abordés à vive allure.
L'essentiel, pour autant, n'est pas là. Cette motorisation est en effet disponible avec un contrôle de motricité digne d'intérêt, utilisable sur le goudron via le mode dit Sport, enclenchable par le conducteur. Dans ce cas, la transmission intégrale – répartition 100/0 sur les roues avant en conduite courante, 50/50 quand ça se corse – envoie 10 % de la force motrice sur les roues arrière, histoire de réduire le sous-virage et d'accentuer l'agilité de la voiture, d'autant que, dans le même temps, la direction se durcit. A l'usage, c'est sympa, le Rav4 est alors un SUV dynamique plaisant à conduire, facile à placer car peu sujet au roulis et rigoureusement guidé. Pour clore la question, cette transmission intégrale dispose d'un blocage du différentiel central – répartition figée à 50/50 jusqu'à 40 km/h -, un plus par rapport à la plupart des rivaux du Rav4, dispensés de ce genre de produit. La garde au sol de 19 cm s'ajoutant par là-dessus, le Rav4 fait un tout-chemin recommandable.
Reste la nouveauté, à savoir un diesel de puissance intermédiaire entraînant les seules roues avant, deux « luxes » jusqu'alors interdits au Rav4. Il est ici question d'un quatre-cylindres 2.0 libérant 124 ch et 310 Nm de couple – 30 de moins que le 2.2 D4-D, pas plus et cela dit en passant -, à 1 600 tr/mn qui plus est. Autant s'attendre, du coup, à un moteur aussi souple que doux dans son fonctionnement, ce qui est le cas, avec à la clef un confort de conduite au diapason avec la philosophie de la voiture, dont la première des qualités est de présenter un travail de filtration remarquable. Le Rav4 est très bien suspendu, c'est un fait, la rigueur de la tenue de route n'excluant pas un confort de roulage de haute tenue. Les bienfaits d'un amortissement réussi.
Pour en revenir au 2.0 D4-D, bien servi par une boîte mécanique qui en tire le meilleur parti, ce dernier se montre guère moins performant que le 2.2 D4-D tout en consommant moins puisqu'il n'a pas une transmission intégrale à se « coltiner ». Partant de ce constat, la motorisation la plus puissante n'a d'intérêt que si la transmission 4x4 apparaît comme une nécessité absolue, l'excellent contrôle de motricité tel que décrit ci-dessus ne pesant pas lourd dans la balance au vue des économies réalisées, tant à l'usage qu'à l'achat. Et c'est à noter, aucun des rivaux du rang du Rav4 ne propose, pour l'heure, un diesel de moyenne envergure, apte à réduire la facture finale. Le Rav4 2.0 D4-D est appelé à une belle carrière sur notre marché.
LA FICHE TECHNIQUE
Toyota Rav4 2.0 D-4D
- Moteur : 4 cylindres, turbo-diesel, 1998 cm3
- Puissance : 124 ch à 3 600 tr/mn
- Couple : 310 Nm de 1 600 à 2 400 tr/mn
- Transmission : aux roues AV
- Boîte de vitesses : mécanique à 6 rapports
- Longueur x largeur x hauteur : 4,57 x 1,85 x 1,66 m
- Empattement : 2,66 m
- Garde au sol : 19 cm
- Suspensions AV/AR : jambes McPherson / double triangulation
- Pneus : 225/65 R17
- Coffre : 547 l.
- Poids à vide : de 1 535 à 1 625 kg selon les finitions
- Vitesse maxi : 180 km/h
- 0 à 100 km/h : 10,5 sec.
- Stop-start : oui
- Conso. urbaine / extra-urbaine / mixte : 5,7 / 4,4 / 4,9 l/100 km
- Emissions de CO2 : 127 g/km
LA GAMME
Trois finitions, trois moteurs, le diesel 2.2 D-4D devenant D-CAT quand il fait cause commune avec la boîte automatique : la gamme du Rav4 s'organise de manière simple et pas trop dense. Toujours au sujet des moteurs, Toyota est le seul constructeur à proposer un diesel de puissance intermédiaire, 124 ch en l'occurrence, sur un SUV « décompacté » - entre 4,55 et 4,60 m -, en attendant le nouveau 1.6i-DTEC que va bientôt recevoir le Honda CR-V. La version du Rav4 ainsi motorisée devrait donc connaître un franc succès dans nos contrées, d'autant qu'elle échappe au malus, contrairement au reste de la gamme. Elle n'est disponible qu'avec une transmission 4x2 et la boîte mécanique.
L'équipement est riche dès la première exécution, laquelle retient déjà l'essentiel pour bien vivre. Pour qui n'a cure d'un système multimedia, elle remplit son contrat, même s'il faut se passer des jantes en alliage et des antibrouillards, étant précisé que cette finition ne donne accès à aucune option. Le hayon électrique est fourni en série, en revanche, une rareté à ce niveau de gamme. Cette entrée de gamme se vend, et c'est là l'essentiel, à des prix compétitifs quelle que soit la motorisation concernée. Pour comparer ce qui est comparable, la version équipée du diesel 2.2 D-4D débute à 29 490 €, contre 29 900 € pour le Subaru Forester 2.0D, 30 700 € pour le Honda CR-V 2.2i-DTEC et 33 400 € pour le Mazda CX-5 2.2 MZR-CD quand il s'équipe de la transmission 4x4, les quatre engins ayant la particularité de développer la même puissance de 150 ch. De même, au fur et à mesure que l'on monte dans la gamme, le Rav4 reste plus avantageux que ses concurrents directs, à niveaux d'équipement comparables. Entre parenthèses, le Rav4 2.0 D4-D de 124 ch ne coûte pas plus cher que le Volkswagen Tiguan 2.0 TDI de 110 ch, lequel débute à 26 490 €, pourtant moins puissant et plus petit de 14 cm – et donc moins spacieux – que lui. Sans commentaires.
Pour terminer, Toyota propose plusieurs systèmes multimedia, le plus simple, alias Toyota Touch, étant livré en série dès la seconde finition. Il se compose d'un écran tactile couleur de 6,1 pouces, bien utile avec la caméra de recul elle aussi fournie en série, est associé à une interface Bluetooth avec lecture audio en transit pour les smartphones et permet d'afficher les pochettes d'albums quand le iPod est branché. Toujours sur cette finition intermédiaire, ce même système peut accueillir en option (voir tarif ci-dessous) un navigateur GPS, ce dispositif dit Toyota Touch & Go intégrant l'info trafic. La cartographie couvre 14 pays européens, et les panneaux indiquant les limitations de vitesse sont affichés à l'écran. La troisième finition a droit quant à elle la même chose, en série et en mieux, le disque dur, la visualisation 3D et la reconnaissance vocale s'ajoutant au reste. Plus l'accès à Internet, dont une application Twitter. Enfin, cette exécution peut recevoir en option un dispositif mulimedia Premium, avec écran porté à 7 pouces et diverses fonctions comme le zoom automatique des cartes aux intersections, la recherche en ligne des points d'intérêt ou l'indication de la consommation de carburant. Entre autres exemples. Puisque la question des options est évoquée, celles-ci sont peu nombreuses, une saine habitude chez Toyota.
LES PRIX
Essence
- Rav4 2.0 VVT-i
4 cyl. 2.0 ; 151 ch ; 4x4 ; BVM 6 ; 185 km/h ; stop-start : non ; 7,2 l/100 km ; 167 g/km
Le Cap : 27 590 € ; Life : 29 990 €. Malus : 1 500 €.
- Rav4 2.0 VVT-i CVT
Idem, sauf : boîte CVT 7 ; 166 g/km
Life : 31 490 € ; Lounge : 36 490 €. Malus : 1 500 €.
Diesel
- Rav4 2.0 D4-D
(voir fiche technique, 4x2 et BVM 6 exclusivement)
Le Cap : 26 590 € ; Life : 28 990 € ; Lounge : 33 990 €. Ni bonus ni malus.
- Rav4 2.2 D4-D
4 cyl. 2.2 ; 150 ch ; 4x4 ; BVM 6 ; 190 km/h ; stop-start : non ; 5,6 l/100 km ; 147 g/km (149 à partir de la seconde finition)
Le Cap : 29 490 € ; Life : 31 890 € ; Lounge : 36 890 €. Malus : 400 €.
- Rav4 2.2 D-CAT
Idem, sauf : BVA 6 ; 185 km/h ; 6,6 l/100 km ; 176 g/km
Life : 33 990 € ; Lounge : 38 390 €. Malus : 2 000 €.
LES EQUIPEMENTS DE SERIE
Les équipements de sécurité communs à toute la gamme
ABS avec répartiteur de freinage et aide au freinage d'urgence ; antidérapage ESP (VSC chez Toyota) ; contrôle de motricité ; 7 airbags dont un airbag genoux conducteur.
Le Cap
Accoudoir central ; assistance au démarrage en côte ; banquette fractionnable 60/40 avec dossiers inclinables ; climatisation manuelle ; feux de jour à LED ; hayon électrique ; jantes en acier 17 pouces ; régulateur de vitesse ; rétros couleur carrosserie, électriques et dégivrants ; siège conducteur réglable en hauteur ; volant réglable en hauteur et profondeur gainé de cuir.
Installation audio : autoradio-CD MP3/WMA, avec commandes au volant, interface Bluetooth, prises auxiliaires/USB et 4 HP.
Life (en plus)
Allumage automatique des phares et des essuie-glace ; antibrouillards ; caméra de recul ; climatisation automatique bizone ; jantes en alliage 17 pouces sur 2.0 D-4D, 18 pouces sur le reste de la gamme ; rétros rabattables électriquement ; vitres AR et lunette surteintées. Console d'instrumentation et contre-portes en cuir, frein à main et pommeau de levier de vitesses gainés de cuir.
Installation audio : écran tactile 6,1 pouces Toyota Touch et 2 HP (6 au total).
Lounge (en plus)
Phares au xénon avec lave-phares ; réglage automatique de l'assiette des phares ; radars de parking AR ; siège conducteur électrique, dont réglage lombaire ; sièges chauffants ; sellerie cuir. Pack sécurité : avertisseur de sortie de file, moniteur anti-angle mort et gestion automatique codes/phares.
Système multimédia : navigateur GPS en visualisation 3D avec et reconnaissance vocale Toyota Touch & Go Plus.
LES OPTIONS
Option commune à toute la gamme
- Peinture métallisée : 570 €
Life
- Pack sécurité (voir Lounge) : 950 €
- Système multimédia Toyota Touch & Go (navigateur GPS) : 700 €
- Système multimédia Toyota Touch & Go Plus (voir Lounge) : 950 €
Life & Lounge
- Toit ouvrant : 900 €
Lounge
- Navigateur GPS Premium (écran tactile 7 pouces avec disque dur intégré) : 700 €