Ce n’est pas tout à fait un coupé. Ce n’est pas tout à fait une berline. Ce n’est pas tout à fait une trois portes. Ce n’est pas tout à fait une cinq portes non plus. C’est quoi alors ? C’est le Veloster…
Par Jean-Michel Cravy
Hyundai se lâche ! Le constructeur coréen était jusqu’ici connu pour ses produits sérieux, soigneusement réalisés, joliment présentés, bien équipés et compétitifs (on n’est pas numéro 4 mondial - avec l'appoint de Kia - pour rien), mais manquant quelquefois un peu de fantaisie. Avec le Veloster, il y en a qui vont être surpris. Voir troublés…
La silhouette d’abord. Râblée, carrée, massive, scandée par des flancs hauts, des vitres latérales étroites en proportion, se terminant en forme de meurtrière à l’arrière, un toit presque plat s’arrondissant sur un arrière bien rebondi : le Veloster ne peut pas laisser indifférent.
Surtout avec sa batterie de couleurs flashy plus provocantes les unes que les autres. Et, entre des phares très expressifs parés de feux à LED qui semblent vous faire de l’œil, son museau qui n’est pas sans rappeler celui d’une… Citroën DS3. Copieur ! Oui, mais non. Parce que ce Veloster de série est étroitement issu du Veloster Concept dévoilé en 2007, bien avant donc la sortie de la française et sa caractéristique calandre hexagonale largement béante. Alors c’est qui qu’a copié l’autre, hein ?
Mais là où il ne peut pas y avoir de confusion, c’est dans l’organisation des ouvrants… qui peut semer la confusion dans les esprits. Sans aucun doute, le Veloster est unique en son genre, mis à part la Mini Countryman, qui est dans un tout autre registre. Il possède bien, comme (presque) tout le monde, un hayon (vitré) s’ouvrant sur un coffre plutôt vaste (320 dm3). Mais alors qu’il arbore une longue porte de coupé côté conducteur, ce sont, côté trottoir, deux portières (plus petites évidemment) qui assurent l’accès au siège passager avant et à la banquette arrière… comme dans une berline !
Eh oui, le Veloster se veut à la fois un coupé un peu égoïste à l’occasion, mais aussi auto à vocation familiale quand il le faut. Pour quatre personnes, et non cinq, faut-il le préciser.
Et le plus fort, c’est que dans les pays à conduite à gauche (Grande Bretagne, Corée, Australie), le Veloster passe non seulement le volant à droite comme il se doit, mais intervertit aussi ses portières pour que les double portes soient toujours positionnées côté trottoir. Question de sécurité…
Cela dit, si la porte arrière évite naturellement quelques acrobaties pour accéder à la banquette, il ne faut quand même pas oublier de bien baisser la tête : attention, le plafond est bas… Mais une fois installé à bord, la garde au toit et la place pour les jambes sont plutôt suffisantes… pour peu qu’on ne mesure pas plus de 1,80 m. Le jeu a quand même des limites pour une auto qui se veut, malgré tout, rivale déclarée d’un coupé Mégane ou d’une VW Scirocco.
A l’avant, la planche de bord arbore un style agressif, très « guerre des étoiles », un peu à la manière de ce qui se fait chez Ford, avec la Fiesta par exemple. C’est « d’jeune » et clinquant comme une console vidéo, à grands renforts de parements en plastique chromé et de fûts de compteurs oblongs. Ça peut ne pas plaire à tout le monde, mais au moins on ne pourra cette fois pas reprocher à Hyundai un quelconque excès de conservatisme.
Côté équipement, le Veloster fait le plein, et même un peu plus. Dès la finition de base (Inventive), il reçoit 6 airbags et l’ESP bien entendu, mais aussi la climatisation, un radar de recul (pas du tout inutile d’ailleurs vu le généreux angle mort dont il est pourvu), un allumage automatique des phares, des jantes alliage (en 17 pouces), les désormais courantes prises auxiliaires (y compris USB), un bon système audio, un large écran tactile. Sont également de la partie, des phares antibrouillard, un pédalier type aluminium, un volant et un pommeau de levier de vitesses gainés cuir. Dans la finition intermédiaire (Sensation), la clim devient automatique, le radar de recul se double d’une caméra, apparaissent également une connexion bluetooth et une sellerie mixte cuir/tissu, les jantes passent en 18 pouces et les rétroviseurs, déjà dégivrants, deviennent rabattables électriquement.
Quant au niveau Premium, il ajoute un accès mains libres et un démarrage sans clé, un toit ouvrant panoramique, une sellerie intégralement en cuir, des réglages électriques pour le siège conducteur, des sièges avant chauffants, une navigation GPS couvrant l’Europe entière. Et puis surtout les jantes alliage, d’un dessin spécifique, se parent d’inserts en couleurs assortis à la carrosserie ! La grande classe… Ce qui ne gâte rien, les tarifs sont plutôt du genre raisonnables, surtout au regard de la dotation en équipements face à la concurrence, puisqu’ils se situent dans une fourchette allant de 22 390 à 28 790 €. La seule option prévue est la peinture métallisée (480 €), indispensable évidemment, pour accéder aux couleurs chatoyantes du catalogue.
Côté moteur, en revanche, il n’y a pas d’option, puisqu’une seule mécanique est disponible, un quatre cylindres 1.6 à injection directe offrant la modeste puissance de 140 chevaux, et un couple de 166 Nm perché assez haut dans les tours (4 850 tr/mn). C’est peu, évidemment, pour justifier une quelconque ambition sportive, malgré l’aguicheuse double sortie d’échappements centrale. Du coup, le Veloster se contente d’atteindre la barre symbolique des 200 km/h en pointe, et s’acquitte du 0 à 100 km/h en quelque chose comme 10 secondes. Du coup son nom qui, aux dires du constructeur, serait la contraction de véloce et roadster, semble un peu usurpé, puisque le Veloster n’est à la vérité ni véloce ni roadster… En contrepartie, ce moteur fait montre d’un appétit plus que raisonnable (6,5 l en moyenne normalisée) et évite tout malus écologique désagréable. C’est toujours ça de pris.
Toute ironie mise à part, et si l’on a bien assimilé que le Veloster n’est pas une vraie sportive, on peut considérer qu’il s’acquitte plutôt bien de sa tâche de coupé/berline polyvalent(e) au caractère joyeux dans sa présentation, vif quand même si l’on sollicite énergiquement son moteur jusqu’à la zone rouge, et joueur côté châssis, fort d’une bonne adhérence générale, d’une fermeté de suspension plaisante sans trop nuire au confort, et d’un freinage endurant en usage intensif. La commande de la boîte manuelle six rapports est quant à elle du genre ferme, et même parfois un peu rétive lors des fortes sollicitations de l’auto en virages par exemple.
Aussi l’adoption de la toute nouvelle boîte robotisée à double embrayage, à l’instar de la fameuse DSG de chez VW (une grande première chez Hyundai, donc, qui sera disponible dans quelques semaines), pourrait elle être une bonne idée. Commandée par de (trop !) petites palettes derrière le volant, celle-ci se montre très rapide et très réactive, aussi bien à la montée qu’à la descente des rapports, ce qu’elle accepte sans rechigner, même dans les hauts régimes, ce qui est trop souvent le cas. Un régal. Le seul petit reproche qu’on puisse lui faire, c’est sa fâcheuse tendance à repasser intempestivement en Drive et à monter toute seule un rapport ou deux quand on reste un certain temps en vitesse stabilisée.
Malgré ce bémol, ça vaut quand même le coup de dépenser les 1 300 € de supplément que représentent cette DCT-6. Et au total, bien qu’on aurait pu souhaiter une motorisation un peu plus velue, le Veloster, ce « bon petit diable », ne déçoit pas. Ne serait-ce que par sa personnalité franchement décalée… et une garantie de 5 ans, kilométrage illimité s’il vous plaît !
J.-M. C.
La fiche technique
Hyundai Veloster 1.6 GDI 140
Dimensions (L/l/h) 4,22/1,79/1,40 m
Moteur 4 cylindres en ligne injection directe
Cylindrée 1 591 cm3
Puissance 140 ch à 6 300 tr/mn
Couple 166 Nm à 4 850 tr/mn
Transmission manuelle ou robotisée DCT-6 à six rapports
Vitesse maxi 201 km/h
0 à 100 km/h 9,7 s (boîte manuelle)/10,3 s (DCT-6)
Consommation 6,5 l/100 (moyenne normalisée)
Emissions de CO2 148 g/km (DCT-6 : 145 g/km
Les tarifs
Pack Inventive 22 390 €
Pack Sensation 23 990 €
Pack Sensation DCT-6 25 290 €
Pack Premium 27 490 €
Pack Premium DCT-6 28 790 €
Peinture métallisée 480 €