Avec la CLS Shooting Brake, Mercedes crée une nouvelle espèce automobile, qui rappelle les breaks de chasse d'antan à un gros détail près, et le fait en beauté. Dans tous les sens du terme. L'auto est splendide, et sa conduite comme la qualité de son accueil appellent les mêmes éloges. Le sens pratique propre aux breaks est livré en prime. A un prix élevé, mais mérité.
Par Jean Bourquin
D'abord, elle est belle. Plus qu'en photo, c'est dire. Le fait est, les images ne transcrivent qu'en partie l'élégance innée de la CLS Shooting Brake, sa distinction naturelle, ce terme démodé étant préféré à l'expression galvaudée « classe ». On est, il faut le reconnaître, dans cet univers-là, naturellement aristocratique et fait d'objets hors du temps. Il y a de « l'Angleterre éternelle » dans cette très allemande Mercedes, où le port du tweed n'interdit pourtant pas la transgression. Par exemple l'écoute de Led Zeppelin - avec l'optionnelle intallation audio Harmann-Kardon, ça le fait, et même très bien -, et c'est le profil dit « break de chasse » qui veut ça.
Cette robe très particulière, pour aller à l'essentiel, marie les carrosseries break et coupé avec un rare acuité esthétique. Peu usitée dans l'histoire et donc originale par essence, Mercedes en donne une interprétation moderne en ajoutant deux portes aux trois réglementaires. A cette incongruité près, qui pour le coup fait de la CLS Shooting Brake une voiture unique en son genre, la chute de toit en pente douce, sans rupture marquée entre ledit toit et le hayon, évoque bel et bien le monde des coupés. La différence avec le break traditionnel tiré de la Classe E, elle est là, avec à la clef un aspect moins massif et de ce fait plus raffiné. Plus rare aussi, pour ne pas dire exclusif, d'où des prix en rapport. Ces deux Mercedes, qui concourent dans la même catégorie, ne se vendent pas tout à fait aux mêmes prix, la CLS Shooting Brake réclamant en sus une dizaine de milliers d'euros bien tassés à motorisation équivalente. C'est le tarif pour acquérir une voiture dont le premier mérite est de se tenir à l'opposé d'un luxe ostentatoire teinté de vulgarité. La chose n'a pas de prix.
Le plancher du coffre en bois de merisier, c'est une option... 5 100 €, rien que ça.
Second mérite, au luxe, exprimé avec retenue mais bien réel, s'ajoute un sens pratique avéré. Car, figurez-vous, la CLS Shooting Brake n'est pas un break de parade, là pour faire joli même si de ce côté-là l'affaire est entendue. Le dessin de la poupe, c'est certain, interdit le chargement d'objets hauts, mais pour le reste, tout est fait dans les règles, à commencer par les formes régulières de la malle, elle-même très profonde. Les parois sont rectilignes, le seuil de chargement est bas, l'ouverture du hayon est large et le tout offre le généreux volume de 590 litres sous le cache-bagages, fourni en série utile précision. De même, la capacité de chargement grimpe à 1 550 litres quand tout est rabattu, la surface ainsi dégagée étant entièrement plane, cela va sans dire.
De fait, et contrairement à la CLS tout court qui ne retient que quatre places, la variante Shooting Brake peut accueillir cinq passagers en s'équipant d'une banquette divisée en deux parties inégales – 60/40. Comme tout breakplébéien qui se respecte. Partant de là, Mercedes propose en option tout un tas d'élements propres à l'espèce, des rails de toit au filet de séparation entre le coffre et l'habitacle, des barres anti-glissement en aluminium qui strient la surface de chargement dans le sens de la longueur au kit de fixation intégrant des rails d'arrimage et des barres télescopiques, chaudement recommandé en l'occurrence. On le voit, Mercedes n'a rien oublié. La CLS Shooting Brake est une voiture de luxe fonctionnelle, comme quoi ces deux notions ne sont pas forcément antinomiques. Cette particularité la sort clairement du lot.
Les présentations faites, c'est tout de même de la CLS dont il est ici question, une voiture réputée peu spacieuse aux places arrière, à juste titre. Pour cela, il y a la Classe S... Comme dans le coupé quatre-portes, l'espace aux jambes est compté et la tête cogne dans le plafond si l'on a le malheur de dépasser 1,80 m. Et la place du milieu a tout de la punition pour la personne appelée à l'occuper. Les deux places latérales, en revanche, sont dessinées comme des fauteuils séparés, bien galbés et retenant ce faisant solidement le dos. On y est confortablement installé, étant entendu que l'impression d'engoncement inhérente à la carrosserie « coupé quatre-portes », marquée par un vitrage latéral limité en hauteur, plus encore à l'arrière, ne s'évapore pas comme par enchantement sur la variante break. A ce propos, le vitrage de la Shooting Brake s'étend très loin, au bénéfice de la visibilité latérale arrière du conducteur, dans une mesure toute relative certes. En bref, tout cela est connu et donc sans surprise, mais il convient de le signaler.
Même remarque en ce qui concerne la qualité de fabrication du mobilier, digne des prix pratiqués et c'est heureux. Inutile d'insister donc, on sait, là encore, à qui on a affaire, étant précisé que l'insert en bois de peuplier qui habille en partie la planche de bord est livré de série. Le souci du détail s'étend jusqu'à la position de conduite, laquelle se règle dans tous les sens au micron près, via une commande électrique pour le volant si l'on prend la peine de débourser la modique somme de 900 €. Très bien dessiné, offrant de larges rebords pour maintenir le dos comme dans un étau et une assise suffisamment longue pour soutenir les jambes, le siège standard est dans le ton, mais on peut bien sûr agrémenter l'ordinaire en optant pour des sièges multicontours – la consistance desdits rebords est réglable et peut se renforcer quand la voiture est en appui – en y ajoutant, encore plus fort, les fonctions « ventilation » et « massage ». Du Mercedes pur jus tout craché, le constructeur ne lésinant pas sur les équipements tous plus raffinés les uns que les autres et tous optionnels. Dernier point, l'ordinateur de bord est archi-complet et du coup son usage via les commandes placées au volant, avec report des informations numériques au centre de l'instrumentation, s'avère assez complexe.
Cela étant, on vit déjà très bien sans les options proposées, sauf une, peut-être. C'est à savoir, l'amortissement pneumatique arrière est fourni d'office, mais pour un ensemble intégrant le train avant, avec une fonction « pilotée » en sus, il faut débourser un supplément de 2 200 €. Un investissement recommandé, ce dispositif offrant un confort de marche supérieur à ce que prodigue le châssis standard en la matière, lequel se laisse parfois aller à des percussions malvenues. Les réactions sont sèches, le travail de filtration est perfectible, et ce n'est pas ce qu'on attend de la part d'une Mercedes de cet acabit. Rien de tel avec l'amortissement piloté, qui ne laisse rien passer en mode Normal et gomme littéralement la route en mode Confort, au prix de légers mouvements de caisse latéraux.
Le mode Sport, lui, sublime les belles dispositions routières de la CLS Shooting Brake, dynamique et alerte comme l'est rarement un break de constitution courante. Verrouillée à la route, en bonne Mercedes qu'elle est, l'auto répond aux injonctions de son conducteur en faisant du zèle, sans quitter la trajectoire demandée d'un poil. Sous-virage interdit à des vitesses déjà élevées, et si l'on ne peut parler de pur régal, une Mercedes ayant toujours tendance à filtrer les sensations, la conduite demeure très plaisante. Douce et légère dans l'effort, à la limite de l'inconsistance parfois, la direction n'en est pas moins aussi précise qu'un coup de scalpel – c'est l'avantage d'une propulsion, notez bien... Confort et précision de conduite, que demander de plus ?
Des moteurs en rapport, et c'est le cas. Passons sur le V8 5.4 biturbo de 525 ch de la version 63 AMG, appelé à connaître les affres de la confidentialité sur notre marché. Ses vocalises et ses montées en régime opérées au pas de charge soulèvent tant l'adrénaline que l'enthousiasme, encore faut-il reconnaître que son fonctionnement un rien brutal, jouissif un moment mais peut-être lassant à la longue – les géniaux Ramones à écouter toute la journée, c'est non... -, paraît guère en phase avec la philosophie de la CLS Shooting Brake. Quitte à passer pour un demeuré, je lui préfère – sur cette voiture, entendons-nous bien - le V8 4.6 de 408 ch de la « 500 », plus approprié à la fonction. Celui-là, il a tout pour lui, un fonctionnement souple et ronronnant, très agréable, en conduite courante et un gros tempérament à la demande, la réactive boîte auto à sept rapports ne faisant pas tache dans le décor. Même la consommation redonne le sourire, l'ordinateur de bord indiquant une moyenne de 11,5 l/100 km – 9,9 l/100 km en cycle mixte, d'après le constructeur - au terme d'un parcours combinant autoroute et routes de campagne roulantes abordé en respectant plus ou moins la loi. Pour un V8 essence chargé de déplacer 2 005 kg – notre voiture d'essai était équipée de la transmission intégrale 4Matic : compter 1 955 kg pour la version 4x2 -, c'est cadeau.
Ces choses dites, ce n'est pas avec ce V8 que les concessionnaires français vont s'enrichir. Chez nous, le diesel est roi et il faut avouer que le V6 3.0 dit 350 CDI de la maison Mercedes a de quoi convertir au gazole les adversaires les plus acharnés de ce carburant. D'abord, il est ici très bien insonorisé, on l'entend à peine, ensuite, il est doux, la boîte auto qui le seconde appelant le même adjectif, et enfin, il a du répondant quand cela devient nécessaire. En résumé, il offre un confort de conduite exceptionnel, tout en demandant sa ration de carburant moins souvent qu'à son tour. En consultant la consommation instantanée, jamais nous n'avons dépassé les 9 litres même en ayant le pied lourd, l'auto ainsi motorisée pesant tout de même 1 910 kg en 4x2. Un petit miracle.
Pour terminer, la CLS Shooting Brake reçoit deux autres moteurs, un V6 essence 3.5 de 306 ch, alias 350, et un quatre-cylindres diesel 2.2 de 204 ch baptisé 250 CDI, que nous n'avons pu découvrir lors de cette journée d'essai. Le second échappe au malus, et ça, c'est bon à savoir par les temps qui courent.
J. B.
LA FICHE TECHNIQUE
Mercedes CLS Shooting Brake 350 CDI
Moteur : V6 turbo-diesel ; 2987 cm3
Puissance : 265 ch à 3 800 tr/mn
Couple : 620 Nm de 1 600 à 2 400 tr/mn
Transmission : aux roues arrière
Boîte de vitesses : automatique à 7 rapports
Longueur x largeur x hauteur : 4,96 x 1,88 x 1,42 m
Empattement : 2,87 m
Pneus : 245/45 R 17
Coffre : 590 litres
Poids à vide : 1 910 kg
Vitesse maxi : 250 km/h
0 à 100 km/h : 6,6 sec.
Stop/start : oui
Conso. urbaine / extra-urbaine / mixte : 7,3 / 5,3 / 6 l/100 km
Emissions de CO2 : 159 g/km
LES PRIX
Essence
- CLS SB 350
V6 3.5 ; 306 ch ; BVA 7 ; 250 km/h ; 7,3 l/100 km ; 169 g/km.
Prix : 72 400 € ; Edition 1 : 87 100 €. Malus : 750 €.
- CLS SB 500
V8 4.6 biturbo ; 408 ch ; 250 km/h ; 9,2 l/100 km ; 214 g/km
Prix : 91 000 € ; Edition 1 : 99 300 €. Malus : 2 300 €.
4x4 4Matic (9,8 l/100 km ; 229 g/km)
Prix : 93 800 € ; Edition 1 : 102 100 €. Malus : 2 300 €.
- CLS SB 63 AMG
V8 5.4 biturbo ; 525 ch ; 250 km/h ; 10,1 l/100 km ; 235 g/km
Prix : 133 000 € ; Edition 1 : 139 750 €. Malus : 3 600 €.
Diesel
- CLS SB 250 CDI
4 cylindres 2.2 ; 204 ch ; 235 km/h ; 5,3 l/100 km ; 139 g/km
Prix : 64 300 € ; Edition 1 : 79 000 €. Ni bonus ni malus.
- CLS SB 350 CDI
(voir ci-dessus)
Prix : 70 300 € ; Edition 1 : 85 000 €. Malus : 750 €.
4x4 4Matic (6,6 l/100 km ; 174 g/km)
Prix : 73 300 € ; Edition 1 : 88 000 €. Malus : 750 €.
LA GAMME
Une finition unique pour toutes les motorisations jusqu'à la CLS Shooting Brake 500 (V8 4.6), difficile de faire plus simple. De fait, ladite 500 reçoit en série des éléments disponibles en option sur les variantes moins « nobles ». La 63 AMG a droit, quant à elle, à un traitement spécial que nous ne détaillerons pas ici – sinon, il faudrait un livre....
Partant de là, il y a matière à agrémenter l'ordinaire en piochant dans une vaste liste d'options et de packs, que nous nous abstiendrons d'énumérer dans leur totalité car il y en a trop. En plus, quelque-uns de ces équipements s'excluent les uns des autres, ce qui complique encore un peu plus tache du commentateur. Plusieurs types d'inserts décoratifs pour la planche de bord sont disponibles, à titre d'exemple. Nous avons, cela étant, retenu les options qui nous paraissent les plus intéressantes, voire indispensables, à commencer par l'amortissement pneumatique piloté mentionné dans le texte.
Pour terminer, Mercedes lance au début de la carrière commerciale de la CLS Shooting Brake une édition limitée sobrement baptisée Edition 1. Une aubaine, quelque part, car elle rassemble plusieurs options qui, prises séparément et additionnées, porteraient la facture finale à un niveau encore plus élevé.
LES EQUIPEMENTS DE SERIE
Les CLS Shooting Brake 350, 250 CDI et 350 CDI ont en commun :
9 airbags, dont un airbag genoux conducteur et un airbag bassin intégré dans chaque siège avant ; ABS avec freinage d'urgence assisté ; antidérapage ESP ; antipatinage ASR ; système de sécurité préventif Pre-Safe ; système de détection de somnolence Attention Assist ; avertisseur de perte de pression des pneus.
Allumage automatique des phares et des essuie-glace ; antibrouillards ; banquette3 places fractionnable 2/3-1/3 ; cache-bagages ; climatisation automatique bizone ; feux de jour à LED ; filets à bagages latéraux ; hayon a ouverture et fermeture électrique ; insert décoratif en peuplier ; jantes alliage 17 pouces ; ordinateur de bord ; phares bixénon avec lave-phares ; radars de parking AV/AR ; régulateur/limiteur de vitesse ; rétros rabattables électriquement ; rétros gauche et intérieur photosensibles ; sellerie en tissu et garnitures en simili-cuir ; sièges électriques ; volant cuir multifonction réglable en hauteur et profondeur manuellement.
Infotainment : autoradio RDS, changeur 6 DVD MP3, interface Bluetooth, écran 5,8 pouces, navigateur GPS par DVD, commandes vocales et 8 HP.
La CLS Shooting Brake 500 a en plus :
Climatisation automatique trizone ; éclairage d'ambiance (3 coloris au choix) ; jantes 18 pouces ; sellerie cuir ; sièges chauffants à réglages mémorisés ; suspension pneumatique pilotée ; réglage du volant électrique.
La série Edition 1 propose en sus sur les 350, 250 CDI et 350 CDI :
Climatisation automatique trizone ; pédalier en aluminium ; peinture métallisée (3 choix) ; sièges chauffants à réglages mémorisés ; éclairage d'ambiance, sellerie cuir.
La série Edition 1 propose en sus sur les 350, 500, 250 CDI et 350 CDI :
Accès et démarrage sans clé ; caméra de recul ; éclairage adaptatif et directionnel ; ciel de pavillon en tissu noir ; garniture en cuir blanc ; insert décoratif en laque noir ; installation audio Harman-Kardon avec 14 HP ; toit ouvrant.
LES PRINCIPALES OPTIONS
Accès et démarrage sans clé : 1 350 €
Accès Internet : 900 €
Barres anti-glissement dans le compartiment à bagages : 1 050 €
Caméra de recul : 600 €
Climatisation trizone : 1 000 €
Filet de séparation : 150 €
Installation audio Harman-Kardon : 1 000 €
Installation multimédia avec écran couleur 7 pouces, navigateur 3D par disque dur, dont 10 Gb pour stocker de la musique, et accès Internet : 1 500 €
Kit de fixation dans le compartiment à bagages (rails d'arrimage, barres téléscopiques) : 350 €
Plancher de coffre en bois de merisier : 5 100 €
Prises USB/iPod, fournies avec câbles spécifiques : 250 €
Sièges chauffants : 450 €
Sièges à réglages mémorisés avec réglage électrique du volant : 900 €
Sièges climatisés * : 1 300 €
Sièges multicontours * : 650 €
Sièges multicontours dynamiques avec fonction massage * : 1 500 €
Suspension pneumatique pilotée : 2 200 €
Toit ouvrant : 1 400 €
* Exige la sellerie cuir.
Ladite sellerie cuir n'est pas proposée séparément. Elle intégre, de fait, divers packs, qui vont de 4 800 à 8 000 €.
Nous n'avons pas intégré les diverses assistances à la conduite proposées, même si ce n'est pas ça qui manque...
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