La Yaris se bonifie avec le temps. La troisième génération en témoigne, elle qui cumule les bons points et présente peu de faiblesses, au demeurant vénielles. Une voiture comme Toyota en a le secret, réussie mais sans génie particulier pour mériter la mention « très bien ».
Par Jean Bourquin
Nous l’avons dit dans un premier compte-rendu, la Yaris a grossi, comme c’est la tendance. Pas de manière inconsidérée, certes, contrairement à certaines de ses rivales qui dépassent désormais les 4 mètres en longueur, mais suffisamment, en tout cas, pour offrir un volume habitable en très net progrès, par rapport à sa devancière. Sur le fond, la petite Toyota reste donc une citadine peu encombrante, la qualité première pour ce genre automobile, étant rappelé qu’elle mesure 3,89 m en longueur.
Elle est de ce fait plus courte que ses concurrentes les plus évidentes, les Citroën C3, Ford Fiesta, Kia Rio nouvelle formule, Peugeot 207, Renault Clio et VW Polo, ce qui n’est pas forcément un désavantage à l’heure de garer la voiture dans une rue du XXeme arrondissement de Paris. Et avec un diamètre de braquage limité à 9,4 m, ça le fait très bien. Sur les fondamentaux de l’espèce, la nouvelle Yaris répond donc parfaitement aux attentes. Premier bon point.
Au sujet de l’habitabilité, ce qui compte de toute manière, c’est la valeur de l’empattement, et de ce côté-là, la Yaris « cru 2011 », avec ses 2,51 m à cet endroit, se situe aux avant-postes de son segment. Comme attendu, elle est accueillante, dans des proportions généreuses, notamment aux places arrière où l’espace accordé aux jambes appelle le même adjectif. Idem en largeur et en hauteur. Bref, on respire à bord de cette citadine, un atout majeur là encore.
Les clients de l’actuelle mouture seront toutefois déçus d’apprendre que la banquette ne coulisse plus, mais ce n’est pas bien grave, vu le peu d’usage que l’on fait de cette fonctionnalité au quotidien. Le coffre emmagasine lui 286 dm3, une valeur élevée pour la catégorie et ce faisant, d’autant plus remarquable si on la rapporte aux dimensions de la voiture. Seul hic, le plancher n’est pas tout à fait plat quand on rabat, en deux parties inégales, la banquette. A cette remarque mineure près, nous accordons de bon cœur le second bon point, à ce moment du récit.
Au chapitre suivant, d’aucuns de nos confrères regrettent l’originalité de la présentation intérieure de la Yaris actuelle, marquée entre autres par l’emplacement de l’instrumentation au centre de la planche de bord, instrumentation elle-même peu banale avec son miroir réfléchissant les informations, plongées tout au fond de ladite planche de bord. Désolé, nous ne sommes pas du nombre. Le retour à une organisation classique, horizontale, et à des compteurs placés devant le conducteur a ceci de bien qu’il permet une ergonomie rationnelle et une lecture immédiate.
En d’autres termes, ça facilite la vie et ça repose les yeux, d’autant plus que Toyota n’a commis aucune faute d’ergonomie. Tout est à la place attendue, à portée de main. Mieux : le volant réglable dans les deux sens, certes sur une amplitude limitée en profondeur, intègre la dotation de série, avec à la clef une position de conduite n’appelant guère la critique. A mon goût, j’aurai apprécié un pédalier encore plus éloigné, mais c’est un avis très personnel. Et pour finir en beauté, le siège, plus épais qu’à l’ordinaire pour une citadine, est confortable et bien dessiné. En résumé, la nouvelle Yaris est une petite voiture agréable au quotidien. Zéro faute, et troisième bon point à son actif.
Il y a quand même quelque chose qui cloche : la qualité des matériaux utilisés. Il y a bien une matière moussée pour couvrir en partie la planche de bord – à partir de la seconde finition dite Dynamic -, mais, dans le genre et dans la catégorie, on a connu plus soyeux et plus flatteur. Les plastiques rigides – couvercle de la boîte à gants, contre-portes, bas de sièges, etc. - semblent dater d’une autre époque, la faute à leur aspect « low cost ». Il faut bien faire des économies quelque part, même si la finition en elle-même n’est pas en cause, tout cela étant assemblé avec la rigueur requise. Reste qu’à l’item « qualité perçue », la concurrence, dans sa majorité, fait mieux. Seul et unique point négatif.
C’est à Copenhague que Toyota nous a emmenés essayer la Yaris. C’est très joli, Copenhague, surtout le Tiergarten la nuit, où nous avons dîné dans un cadre sympa. L’ennui, c’est que les routes de la région sont toutes droites et que les virages s’y font donc rares. En plus, rouler dans ces zones urbaines ne serait-ce qu’aux vitesses réglementaires en France relève de l’exploit. Voilà qui complique la tache du journaliste-essayeur de base, mais bon, nous en avons vu d’autres, et nous pouvons donc d’ores et déjà affirmer, sans risque de nous tromper, que la nouvelle Yaris profite d’un amortissement de première classe. La suspension filtre grosses et petites aspérités avec l’art et la manière, elle ne trépide jamais et la caisse ne rebondit pas. En résulte un confort de marche d’excellente facture, comme il sied à une voiture fabriquée… en France, mais oui ! Un confort à peine altéré par les émissions sonores du moteur, diesel itou, et seuls se laissent entendre, en quelques occasions, les bruits de roulement.
Pour le reste, à savoir le comportement proprement dit, rien de particulier à signaler en tenant compte des conditions de l’essai. La Yaris est bien posée sur ses roues, elle est saine et sécurisante, bonne freineuse qui plus est. La direction est légère, mais sans excès, et elle offre toute la précision nécessaire. Nous avons même détecté un soupçon d’agilité sur la finition Style, cette exécution de la Yaris bénéficiant de réglages de suspension spécifiques, dans le sens de la fermeté et quel que soit le moteur concerné. Les jantes sont dans ce cas des 16 pouces. Quatrième bon point, au bout du compte.
Sur les trois motorisations proposées – deux essence, un diesel -, nous en avons essayé deux, le quatre-cylindres essence 1.3 VVT-i de 99 ch et le diesel 1.4 D-4D de 90 ch. Le premier demande à être cravaché tant il manque de répondant à bas et moyen régimes – les 125 Nm de couple se libèrent à 4 000 tr/mn, à titre indicatif - et la boîte CVT (variation continue, avec sept rapports présélectionnés) qui lui est à l’occasion associée à la fâcheuse tendance de lui « manger » une grosse poignée de chevaux. La boîte méca à six rapports reste préférable, en sachant qu’entre ces deux transmissions, consommation et émissions sont quasiment identiques – voir les fiches ci-dessous.
Le système stop & start est ici livré en série, tout comme sur la Yaris 1.4 D-4D équipée de la boîte mécanique, laquelle boîte fait valoir une commande très agréable à manipuler. Guidage sans faille, verrouillages fermes, débattements courts, la totale… Ce diesel, en lui-même, fait très bien l’affaire. Il est rond, il répond présent à bas régime, il a la pêche aux conduites courantes, il boit peu et il ne casse pas les oreilles. Mention bien, au final, et cinquième bon point à mettre au crédit de la Yaris. Que vaut le trois-cylindres 1.0 de 69 ch ? Nous vous le dirons une autre fois, étant précisé qu’il ne manque pas de tonus quand il lui faut emmener la petite sœur de la Yaris, alias Aygo.
Et voilà, c’est terminé. Et de conclure que la nouvelle Yaris est une voiture bien sous tous rapports, un bon outil pour un usage quotidien, qui nous bien plu lors de cette première prise en main. Sans nous faire crier au génie, toutefois. Il lui manque juste un peu de piment, de saveur, pour sortir du lot. Sans pour autant sombrer dans l’anonymat, par la grâce d’une ligne que je trouve, pour ma part, très réussie. Traits tendus et autres angles vifs donnent à cette citadine toute la personnalité nécessaire pour séduire la clientèle urbaine visée. La bonne mesure pour une carrière commerciale qui s’annonce prometteuse. En bref, tout indique que la nouvelle venue devrait sans problème s’inscrire dans les pas de ses devancières. La richesse de l’équipement fourni, peu courante à ce niveau de gamme, devrait aider. Les prix restent malgré tout dans la norme. Voir le détail ci-dessous.
Un petit « cocorico » avant de nous quitter, même si ce n’est pas trop le genre de la maison. Nous n’oublions pas que la Yaris est une française d’adoption, et qu’elle se vend bien aussi pour cette raison, outre ses qualités intrinsèques. Un succès qui revient comme un boomerang dans la figure de nos constructeurs nationaux, qui font fabriquer leurs petites voitures ailleurs qu’en France – en collaboration avec Toyota en ce qui concerne PSA Peugeot-Citroën, pour le trio 107/C1/Aygo, ironie de l’histoire…. Les produire ici ne serait pas rentable, paraît-il, d’où l’impérieuse nécessité de délocaliser. La Yaris prouve exactement le contraire. Cela devait être dit.
J. B.
LA FICHE TECHNIQUE
Les données générales
Longueur x largeur x hauteur : 3,89 x 1,70 x 1,51 m
Empattement : 2,51 m
Coffre : 286 dm3
Transmission : aux roues AV
Assistance de direction : électrique
Freins AV/AR : disques ventilés/tambours (disques pleins sur finition Style)
Yaris 1.0 VVT-i
Moteur : 3 cylindres essence, 998 cm3
Puissance : 69 ch à 6 000 tr/mn
Couple : 93 Nm à 3 600 tr/mn
Boîte de vitesses : mécanique à 5 rapports
Poids : 950 kg
Vitesse maxi : 155 km/h
0 à 100 km/h : 15,3 sec.
Conso urbaine/extra-urbaine/mixte : 5,7/4,2/4,8 l/100 km
Rejets de CO2 : 110 g/km
Bonus : 400 €
Yaris 1.3 VVT-i
Moteur : 4 cylindres essence, 1 329 cm3
Puissance : 99 ch à 6 000 tr/mn
Couple : 125 Nm à 4 000 tr/mn
Boîte de vitesses : mécanique à 6 rapports/CVT à 7 rapports présélectionnés, avec commande séquentielle
Poids : 1 005 kg
Vitesse maxi : 175 km/h
0 à 100 km/h : 11,7 sec.
Conso urbaine/extra-urbaine/mixte : 6,4/4,5/5,2 l/100 km (CVT : 5,7/4,5/5)
Rejets de CO2 : 120 g/km (CVT : 114)
Ni bonus ni malus
Yaris 1.4 D-4D
Moteur : 4 cylindres turbo-diesel, 1 364 cm3
Puissance : 90 ch à 3 800 tr/mn
Couple : 205 Nm à 1 800 tr/mn
Boîte de vitesses : mécanique à 6 rapports/robotisée à 6 rapports
Poids : 1 035 kg
Vitesse maxi : 175 km/h
0 à 100 km/h : 10,8 sec.
Conso urbaine/extra-urbaine/mixte : 4,8/3,4/3,9 l/100 km (BVR : 4,8/3,5/4)
Rejets de CO2 : 103 g/km (BVR : 105)
Bonus : 400 €
LA GAMME
Yaris 1.0 VVT-i 3 portes
- Active : 12 900 € ; Dynamic : 14 400 €
- 5 portes : + 500 € à chaque finition
Yaris 1.3 VVT-i 3 portes
- Dynamic : 15 400 € ; Style : 16 250 € ; Lounge : 16 900 €
- CVT : + 1 150 € à chaque finition
- 5 portes : + 500 € à chaque finition, CVT comprise
Yaris 1.4 D-4D 3 portes
- Active : 15 200 € ; Dynamic : 16 700 € ; Style : 17 550 € ; Lounge : 18 200 €
- BVR : + 850 € à partir de la finition Dynamic
- 5 portes : + 500 € à chaque finition, BVR comprise
LES PRINCIPAUX EQUIPEMENTS
Active
- ABS avec répartiteur de freinage et aide au freinage d’urgence ; antidérapage VSC (ESP) ; airbag genoux conducteur ; autoradio-CD MP3/WMA avec commandes au volant, prises USB/iPod et 6 HP ; banquette rabattable 60/40 ; jantes en acier 14 pouces ; siège conducteur réglable en hauteur ; vitres AV électriques ; verrouillage centralisé et télécommandé ; volant réglable en hauteur et profondeur.
- Climatisation manuelle : 1 000 €.
Dynamic (en plus)
- Climatisation manuelle ; compte-tours ; combiné multimédia avec écran tactile 6,1 pouces et caméra de recul ; jantes en acier 15 pouces ; planche de bord moussée ; régulateur/limiteur de vitesse (sur 1.3 VVT-i uniquement) ; volant cuir.
- Pack Confort (capteurs de pluie et de luminosité, climatisation automatique bizone, rétro électrochrome, rétros dégivrants) : 550 €.
- Pack Skyview (antibrouillards, toit panoramique) : 500 €.
- Toyota Touch & Go (navigateur GPS avec connexion à Internet) : 600 €
Style (en plus)
- Accoudoir conducteur sur 5 portes ; antibrouillards ; becquet de toit ; jantes alliage 16 pouces ; sellerie mi-cuir ; vitrage AR surteinté.
- Pack Confort : 550 €
- Toit panoramique : 450 €
- Toyota Touch & Go : 600 €
Lounge (en plus)
- Accès et démarrage sans clef ; climatisation automatique bizone ; vitres AR électriques sur 5 portes.
- Sur cette finition, le becquet de toit, la sellerie mi-cuir et le vitrage AR surteinté disparaissent. Les jantes sont en alliage, mais de 15 pouces.
- Pack VIP (sellerie mi-cuir, vitrage AR surteinté, toit panoramique) : 850 €
- Toyota Touch & Go : 600 €
OPTIONS COMMUNES A TOUTE LA GAMME
- Peinture métallisée : 430 €
- Radars de stationnement AR : 300 €