Vous le savez, on n’arrête pas le progrès. Sauf que dans certains cas (et on en a, hélas, de nombreux exemples à travers l’histoire), le progrès est mis au service de la régression, au nom des bons sentiments, et de la protection des populations.

Dans le cas qui nous occupe, régression rime toujours avec répression. Au nom du progrès ! Plutôt que d’apprendre aux gens à conduire, et à assumer leurs responsabilités de conducteurs, dans le cadre d’une véritable formation qui s’appellerait « permis de conduire » (mais ça, c’est une utopie !), on préfère réprimer, tout simplement. Tous les gouvernements, de gauche comme de droite, n’ont que ce discours-là : niveler par le bas, au nom de la démocratie. Ben voyons ! Bref… On ne va pas refaire (tout de suite) le monde, va falloir faire avec.

Voilà donc les dernières nouvelles du front, histoire de survivre à cette tempête de bons sentiments sirupeux, et de vivre sa passion automobile, quoi qu’en disent et pensent les bien-pensants…

Par Jean-Michel Cravy

Les radars, vous connaissez ? Oui, bien sûr. Jusqu’ici, vous connaissiez les radars fixes, signalés par un beau grand panneau, bien visible, qui avertissait au moins 400 mètres en amont, et les radars mobiles (jumelles, Mesta 1000 -alias le hibou, à cause de ses deux gros yeux- une saloperie, celui-là, parce que piloté par wi-fi, qui permet aux forces de « l’ordre », de se planquer bien loin de la route, pour piéger l’innocent citoyen, transformé illico en dangereux criminel pour quelques kilomètres/heure de trop en ligne droite…).

Mais dorénavant, les choses vont changer, et ce dès le mois d’août. D’une part, les fameux panneaux qui signalent les radars fixes ne seront plus fixés à 400 mètres minimum, comme il était prescrit dans les textes officiels, mais entre un et deux kilomètres avant. C’est-à-dire qu’il va falloir redoubler de vigilance, sur une distance nettement plus importante qu’avant. Mais ce n’est pas tout !

Les pouvoirs publics (aujourd’hui de droite, mais ne nous faisons pas d’illusion, s’ils étaient de gauche –demain ?-, ce serait la même chose), préparent l’introduction d’une nouvelle génération de radars, qui calculent la vitesse moyenne sur un tronçon donné, long de plusieurs kilomètres.

Concrètement, ce système, déjà en vigueur depuis longtemps en Angleterre, pionnière de l’hystérie sécuritaire (mais aussi sous le tunnel de Liège, en Belgique, et en Allemagne, en Italie, en Norvège…), est constitué d’un radar/caméra « d’entrée de zone », qui enregistre  systématiquement toutes les voitures qui passent, avec leur plaque d’immatriculation. Et si elles passent, quelques kilomètres plus loin, devant un deuxième radar avec une vitesse moyenne supérieure à la vitesse autorisée, calculée sur l’ensemble du tronçon… elles sont dans la boîte !

Ce système de « radars de moyenne », dits aussi « radars de tronçons » arrive en France ! Déjà, dans la région d’Orléans, un « radar tronçon » est installé depuis quelques années sur l’autoroute A10. On en trouve également un sur l’autoroute A7, au sud de Montélimar. A titre expérimental, et à titre « pédagogique ». Quand on passe sous un portique d’information, on a la surprise de voir affiché un message personnalisé à soi destiné : votre vitesse est de… km/h, suivi de votre numéro d’immatriculation ! Votre vitesse a été calculée sur un tronçon de 12 kilomètres…

Et bien évidemment, après cette longue période d’observation de la validité du système, le ministère des transports projette très sérieusement de le généraliser sur tout le territoire, comme il a généralisé les radars automatiques fixes il y a quelques années.

Et cette fois, ce ne sera plus pour faire de la « prévention », mais bel et bien de la « répression ». Le seul langage que les pouvoirs publics savent utiliser !

Cette mise en place va commencer dans le courant du deuxième semestre 2010. Soit, en fait, dès la rentrée, retour des vacances d’été. Quelle est la parade ? Actuellement, aucune qui soit réellement fiable.

Mais très bientôt sera introduit sur le marché une nouvelle génération d’Inforad, cet avertisseur de radar (légal, il faut le signaler) déjà diffuser à plus d’un million d’exemplaires, rien qu’en France. Cet Inforad Ci, outre sa sophistication et son évolution vers un réseau communautaire interactif (comme le fameux Coyote), intégrera la gestion des « radars tronçon » à vitesse moyenne, et vous aidera à « faire tomber votre moyenne » pour s’accorder à la vitesse légale au passage du radar de sortie de tronçon. On vous en reparlera très rapidement…

J.-M. C.

Celui-là, il a fait très-très fort ! Ce jeune Français est poursuivi pour 206 excès de vitesse commis en un peu moins de quatre ans (sans compter 300 autres prescrits) ! De quoi lui valoir quelque chose comme 450 points retirés (l’équivalent de 38 permis de conduire), sans compter les amendes qui pourraient se monter à 15 000 €…

Ça faisait longtemps que la police le traquait, celui-là… Qu’elle était légèrement énervée par une voiture immatriculée au Luxembourg qui faisait régulièrement claquer les radars en région parisienne. Plus de 500 fois en quatre ans ! Sans jamais pouvoir mettre la main dessus…

Il a fallu employer les grands moyens. Fin 2009, le centre automatisé de constatation des infractions de Rennes avait dû alerter la Direction de l’ordre public et de la circulation, à la Préfecture de Police de Paris, qui a diligenté une enquête, identifié une société de location du Luxembourg, avant de remonter au nom du loueur, un jeune Français, légèrement "je m'en foutiste"...

Pris en filature pendant un mois, il a été contrôlé pour de nombreux excès de vitesse « en live » (sans compter 11 infractions à la réglementation sur le téléphone au volant) avant d’être finalement arrêté.

Bien qu’il nie tout en bloc, il devra quand même officiellement répondre que quelque 206 infractions… seulement ! (le reste était prescrit), qui pourraient lui valoir un retrait de 450 points (sur un permis où n’en reste que… 2 !), des amendes cumulées qui pourraient monter jusqu’à 15 000 €, et bien entendu trois ans de suspension.

L’histoire ne dit pas si notre homme devra, au terme de sa période d’interdiction, repasser son permis 38 fois pour éponger son solde négatif de points…

Voilà qui pourrait s’appeler le Manifeste du parti c… onducteur !
Ça n’a l’air de rien. Ce joli petit papier rose qui nous a coûté la peau des fesses (pour ne rien apprendre !) est un produit éminemment biodégradable. Et à très grande vitesse, si l’on n’y prend garde.

Douze points. Douze petits points qui peuvent s’envoler en l’espace d’une journée quand on joue de malchance. Ne riez pas : c’est déjà arrivé à plus d’un, ça peut vous arriver à vous aussi. Ce soir même, ou dès demain matin. En toute innocence, ou presque…

Le résultat ? Une mise à pied automatique, une voiture à vendre faute de pouvoir l’utiliser (s’i elle n’a pas été confisquée par l’Administration !), l’obligation d’attendre trois ans avant d’espérer pouvoir reconduire. Et un chômage quasi assuré : sans permis, point de salut. Dix millions de points sont retirés chaque année. Et chaque année près de 180 000 personnes voient leur permis annulé. Une grande partie d’entre eux perdent leur emploi, et prennent le chemin de l’exclusion, pour cette seule et unique raison.

Alors c’est clair : c’est la guerre. Entre les « gendarmes », qui ne sont pas payés pour réfléchir, mais qui ne savent qu’obéir aux ordres d’un Etat omniscient et supérieur par essence. Et les « voleurs », c’est-à-dire nous. Les délinquants, les « criminels ». Ou qu’on qualifie comme tels, pour les déconsidérer, les disqualifier.

On veut réduire ceux qui prétendent vouloir (ou savoir, et c’est évidemment à vérifier !) rouler vite sans mettre la vie d’autrui en danger, en « délinquants routiers », en « criminels ».

Sans jamais vouloir prendre en compte leurs capacités réelles....

Mais, ont-ils le monopole du cœur, et de la raison, ceux qui prétendent protéger la vie des citoyens contre les « chauffards» irresponsables, forcément irresponsables ? A qui fera t’on croire qu’il y a d’un côté les citoyens responsables, qui ont le souci de la vie de la vie d’autrui, et de leurs enfants. Et de l’autres des crétins, imbéciles, demeurés, qui conduisent sans foi ni loi ?

Discours, idéologie, et fondamentalement hypocrite ! Elles auront beau arguer, ces belles âmes, que le nombre des morts sur la route ne cesse de diminuer depuis le renforcement de la répression routière. Et que c’est la seule solution. Faux, à l’évidence. Sauf pour les sophistes…

Faites monter le prix du pétrole par la spéculation boursière, et les automobilistes ralentissent pour économiser le précieux carburant, tarifé au prix du lingot d’or. Il suffit de mettre en parallèle la montée du cours du pétrole avec la baisse structurelle du nombre de tués sur la route, due également, ne l’oublions pas, à l’amélioration du réseau routier et au progrès continu de la sécurité, active et passive, de nos autos.

Et puis nommez-moi (ce qu’a dieu ne plaise !) ministre des transports.  J’institue une limitation de vitesse à 5 km/h. Et croyez-moi : je ferai chuter le bilan routier à zéro mort. Zéro, foi d’hypocrite ! Parce qu’à bonne question, mauvaise réponse… A vrai problème, mauvaise solution !

Il y a une trentaine d’années, en 1974 pour être précis, avec Pierre Mesmer, Premier ministre de Georges Pompidou, furent instituées les premières limitations de vitesses (à cause du premier choc pétrolier, faut-il le rappeler !). Et si on avait à l’époque décidé d’apprendre à conduire aux futurs automobilistes, on n’en serait pas là. On aurait vingt-quatre millions d’automobilistes capables de faire face aux risques, indéniables, liés à la conduite d’une voiture. Au lieu de quoi, on a préféré niveler par le bas. Profil bas ! Et circulez, il n’y a rien à voir…

Ce ne sont pourtant pas les gendarmes qui pourront dire le contraire, à qui on a livré de superbes Subaru Impreza, des avions de chasse à quatre roues motrices… sans leur expliquer le mode d’emploi !

Faut-il rappeler une vérité absolument taboue dans les discours officiels des différents gouvernements français successifs, qu’ils soient de droite ou de gauche ? Le nombre de morts sur les autoroutes allemandes, gratuites et à vitesse libre, est INFÉRIEUR (en termes de nombre de véhicules/kilomètres parcourus) au bilan des autoroutes françaises, limitées à 130 km/h, et payantes, c’est-à-dire qu’elles induisent une discrémination sociale et économique…

Et ça, tous les discours moralisateurs de ces bonnes âmes qui savent tout mieux que nous, à notre place, ne peuvent cacher cette simple vérité première : en Allemagne, on sait rouler vite, et en toute responsabilité, parce que là-bas, on laisse les automobilistes rouler à leur vitesse sur les autoroutes (certaines portions du moins), et assumer leurs responsabilités, dans un parfait respect des autres…

J’avais discuté sur la question, à une certaine époque, avec Georges Sarre, Secrétaire d’Etat (de gauche !) aux Transports. Il m’avait dit texto : « moi, j’adore les embouteillages. Au moins pendant ce temps-là il n’y a pas d’accident mortel, il n’y a que de la tôle froissée… » Il faut dire que la durée de vie d’un homme politique, en charge d’un portefeuille, n’excède guère 24 mois. Et qu’il lui faut des résultats « immédiats ». Le long terme, il s’en fout…

Et les hommes politiques n’agissent qu’à court terme. Celui de leur mandat. En toute hypocrisie. Faut-il rappeler que le recordman des excès de vitesse (particulièrement en ville, et avec un accident à la clé !) fut un certain ministre de l’Intérieur, candidat à l’élection présidentielle, devenu depuis Président de la République ? Lequel a institué la généralisation massive des radars automatiques, avec le discours de la tolérance zéro. Pas pour lui, pour les autres…

Alors, aucun complexe ! Il faut se défendre contre la répression aveugle et imbécile, sans état d’âme ! Depuis Montesquieu, et l’Esprit des lois (1748 !), on sait « que chaque citoyen est en droit de contester une loi, dès lors qu’il a le sentiment qu’elle est injuste. C’est non seulement un droit, mais c’est aussi un devoir… Que contester une loi, et la combattre, est légitime dans la mesure où cela apparaît légitime. Qu’une société où n'apparaît pas ce dialogue social qu'implique la contestation n'est pas une société véritablement démocratique mais un despotisme des plus stricts. On peut contester une loi lorsqu'elle apparaît injuste ou qu'elle est contraire à l’ordre social. Qu’il est donc légitime de contester les lois qui sont mises en place et déjà en vigueur dans la mesure où elles ne concourent pas au bien commun ».

D’autant plus que tout le monde sait que la véritable raison d’une telle mise en coupe réglée n’est pas la protection des personnes, mais bel et bien le racket financier dont nous, automobilistes, sommes l’objet, et le gibier.

Il faut rappeler que sur les 450 millions d’euros collectés par les bandits manchots pour la seule année 2008, seulement 200 millions ont été alloués au budget de la sécurité routière !

Dès lors, nous sommes en droit de nous défendre. Et de défendre notre précieux permis de conduire. Envers et contre tous les moralisateurs qui se sont autoproclamés responsables du bien commun, et du nôtre…

Sans complexe aucun. En toute légitimité !