Le prototype Concept You annonce plein de choses, à commencer par une berline de prestige siglée Volvo, genre Mercedes Classe S. Une « info » majeure en soi, mais ce n’est pas la seule. Les mécaniques envisagées, à savoir des quatre-cylindres, jettent un pavé dans la mare du haut-de-gamme.
Volvo, on le sait, se présente comme un constructeur généraliste « premium », dans le sillage du trinôme Audi/BMW/Mercedes, dont le Suédois compose une alternative crédible. Ses productions les plus récentes, tels le SUV XC60 et la familiale S60, en témoignent. Reste qu’il lui manque, à ce jour, un modèle de prestige pour parfaire son image. Une auto dans le genre de la Mercedes Classe S, référence absolue sur ce segment automobile, au demeurant très utile pour faire bonne figure sur les marchés émergents. La Chine, entre autres, étant rappelé que c’est un consortium local – Geely - qui préside dorénavant aux destinées de Volvo.
Dans un premier temps, Volvo dévoila à Shanghai, il y a six mois, un concept-car baptisé Universe, lequel préfigurait une future berline de prestige. La chose mit la puce à l’oreille des commentateurs, mais les hautes instances de la marque calmèrent vite l’enthousiasme. Ce prototype, selon elles, resterait sans lendemain, et il n’y aurait donc pas de Volvo équivalente à la Classe S dans un avenir plus ou moins proche. On n’était pas obligé de les croire. Pour preuve, Volvo a remis le couvert au salon de Francfort, en dévoilant cette étude Concept You Business, à la fois très aboutie et très réaliste, à quelques détails propres au monde des concept-cars. Là, il n’est plus question d’acte gratuit : il y aura bel et bien une grande berline de luxe siglée Volvo, à voir dans quels délais. Volvo n’en fait d’ailleurs plus mystère, et il suffit de rentrer dans le détail de ce concept-car pour s’en convaincre. Bon nombre de solutions techniques ici utilisées sont prêtes à l’emploi, ou encore à l’examen pour certaines d’entre elles.
Cela commence par la plate-forme elle-même. C’est Volvo qui le dit, le Concept You introduit une nouvelle architecture, nommée SPA, qui servira de base à plusieurs futurs modèles de la marque, sur le haut de la gamme suppose-t-on. Ce module inédit se signale par sa composition, qui fait appel à des aciers à hautes résistances et à l’aluminium, sans mégoter sur les quantités dans le second cas, dans le but louable de réduire son poids. De l’ordre de 150 à 200 kg, par rapport à une structure traditionnelle de même nature. Cette plate-forme modulaire est, en sus, étudiée pour accueillir tous les types de motorisations, thermiques, électriques et hybrides. En d’autres termes, il ne faudra pas tout refaire du sol au plafond pour installer l’une ou l’autre de ces motorisations, en fonction de ses spécificités. Belles économies d’échelle en perspective. Bref, et au vu de l’état avancé des travaux, il est sûr et certain que cette architecture verra le jour. Le doute n’est dès lors plus permis quant aux intentions de Volvo.
Evidemment, ce n’est pas tout. Ce prototype reçoit une technique novatrice que Volvo est en train de finaliser, les premiers essais « en situation » étant programmés à la fin de l’année. L’article s’appelle Kers, et il s’agit d’un volant d’inertie chargé d’emmagasiner l’énergie cinétique et placé à hauteur du train arrière. Sur le principe, et sans rentrer dans les détails techniques, ce volant d’inertie recupère l’énergie libérée au freinage pour la transmettre aux roues arrière lors des accélérations et des relances, histoire d’alléger, à ces occasions, la charge du moteur. Lequel entraîne les roues avant, cela va sans dire. Le but de l’opération est bien sûr de réduire la consommation, et non pas de fournir un ersatz de transmission intégrale. Dans tous les cas, c’est loin d’être idiot, et tout laisse à penser que Volvo n’attendra pas le lancement de sa future grande berline pour équiper l’un de ses modèles du Kers. L’affaire est à suivre.
La consommation, le maître-mot. La limiter autant que faire ce peut est un gageure sur ce genre de voitures, par nature énergivores, et dans ce but, Volvo opte pour une solution radicale. Le Suédois pratique en l’occurrence le « downsizing » sans faire dans la demi-mesure, et d’annoncer qu’il ne donnera à son futur haut-de-gamme que des motorisations quatre-cylindres, essence et diesel. Et pourquoi ça, mon bon Monsieur ? Pour un raison simple. Le fameux Kers tient en réserve dans sa besace une grosse poignée de chevaux, 80 à peu près, à l’occasion mis à contribution, et on peut donc, avec son aide, se passer de motorisations supérieures à quatre cylindres dispendieuses en carburant. Le raisonnement se tient, sachant qu’en sus s’ajoutent, pour les essence, l’injection directe et des turbos dont le taux de pression varie selon la puissance souhaitée.
Partant de là, il faut faire confiance à Volvo qui affirme que les performances autorisées par l’association « quatre-cylindres/Kers » seront équivalentes à celles d’un bon vieux six-cylindres. Avec une réduction de la consommation de l’ordre 20 %, par rapport à un quatre-cylindres ordinaire. Sur le papier, cette solution est en effet séduisante, reste à savoir ce qu’elle donnera à la conduite. Outre les performances ad-hoc, on attend d’une berline de luxe un velouté de fonctionnement, un confort de conduite, que ne peut offrir, du moins jusqu’à présent, un quatre-cylindres, même équipé d’un turbo dernier cri. Seconde affaire à suivre.
Reste le style. Premier constat, après le concept-car Universe, Volvo réédite le coup de la carrosserie « coupé berline » - chute de toit en pente douce, long capot et quatre portes -, façon Mercedes CLS et autre Audi A7. Nul besoin, ce faisant, de savoir lire dans le marc de café pour conclure que la future Volvo « grand luxe » adoptera ce type de silhouette. L’esthète note, dans tous les cas, l’extrême sobriété de ce dessin, dénué de tout artifice superflu. Une qualité rare pour un prototype de salon, l’élégance primant ici sur les effets visuels. Superbe réalisation, donc, marquée par une face avant verticale, fine, expressive et d’une rare distinction. Nous ne savons pas si le futur modèle de série fera sienne cette robe, mais pour notre part, nous le souhaitons ardemment. Nous ne devons pas être les seuls.
L’intérieur, enfin, appartient à l’univers des concept-car, en signalant, au passage, que les portières s’ouvrent de manière antagoniste, une solution qui n’a plus rien de surréaliste pour une prodution en grande série depuis qu’Opel commercialise le Meriva. Volvo pourrait très bien suivre le mouvement sur son haut-de-gamme, en ajoutant, toutefois, un montant central. L’habitacle, pour le reste, se distingue lui aussi par la sobriété de son traité. En faisant abstraction des sièges flottants, séparés à l’arrière par un colossal tunnel de servitude dont on ne voit pas trop la raison d’être, on le dirait quasiment prêt à l’emploi. La remarque vaut pour la console centrale remplacée par une tablette numérique tactile de type i-Pad. La chose se généralisera un jour, vous verrez...
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