Lourde succession à assumer : celle de la Carrera GT, d’un rarrissime modèle exclusivement réservé à la famille Porsche, le tout à la mode écolo : la 918 Spyder a du poids sur les épaules !
Au premier coup d’œil, la 918 Spyder fait immanquablement penser à la fameuse et sublime Carrera GT dont la courte carrière de supercar s’est étalée de 2003 à 2005. Et ce n’est évidemment pas un hasard : le trône était laissé vacant depuis ce temps, selon la formule consacrée.
Le dessin général de la carrosserie composite est de la même veine, incontestablement. On pourra le juger moins net, moins épuré, plus torturé dans les détails. L’enseignement de la compétition sans doute, qui fait souvent fi des purs impératifs esthétiques… Peu importe. La 918 Spyder n’en est pas moins belle. Pas comme une supercar de salon. Belle comme une voiture de course… de route !
Dans la déjà longue nomenclature Porsche, 918 est une appellation déjà usitée. Oh de manière presque clandestine ! Souvenez-vous de la 914 des années 70. Il y eut la 914-4 laborieusement animée par un bien modeste quatre cylindres Volkswagen, la 914-6, nettement mieux dotée, avec un vrai flat six Porsche. Et puis la 918. Une 914 sur laquelle on avait greffé un 8 cylindres de 908, titrant quelques 300 chevaux ! Mais de celle-là, il n’y eut que deux exemplaires seulement, dévolus aux deux Ferdinand de la famille fondatrice : Ferdinand Alexander Porsche, et Ferdinand Piëch… Fin de l’histoire. Et début d’une nouvelle.
D’une ère nouvelle, surtout. Alors que la Carrera GT arborait un V10 5,7 litres de 612 chevaux (un moteur initialement dessiné pour la compétition, mais qui n’eut jamais son baptême du feu pour cause de changement de réglementation), fort de 612 chevaux, cette nouvelle 918 Spyder hérite, elle aussi, d’un moteur issu de la course (celui de la RS Spyder qui écume la catégorie P2 en endurance). Un « petit » V8 3,4 litres délivrant 500 chevaux à 9 200 tr/mn. Pas mal déjà, non ?
Mais la 918 y ajoute deux moteurs électriques logés dans les roues avant, capables d’apporter 218 chevaux supplémentaires, soit largement plus de 700 ch au total. De quoi faire oublier feue la Carrera GT, et d’abattre la boucle nord du Nürburgring en moins de 7 minutes 30, paraît-il, et l’incontournable 0 à 100 km/h en 3,2 secondes…
Tout en se revendiquant parfaitement écolo, en excipant d’une consommation théorique de 3 litres aux 100 et des rejets de C02 limités à 70 g/km ! Des autos écolo comme ça, nous, on est preneurs !
Mais par quel miracle ? Il n’y a pas de miracle… Car c’est seulement en mode E-Drive, qui utilise au maximum la propulsion électrique, en ville. Avec une autonomie limitée à… 25 km/h, ça va nous faire une belle jambe ! Il y a aussi le mode Hybride, pour se traîner dans les trajets inter-urbains aux allures réglementaires, et le mode Sport-Hybride pour mettre un peu plus de watts sur les roues arrière. Mais le seul qui vaille vraiment, c’est le mode Race-Hybride qui utilise les deux modes de propulsion en « full power », et là, plus question de battre des records de tempérance. On pourra même s’offrir un petit surcroît de boost grâce à un système semblable au Kers de Formule 1, qui restitue ponctuellement l’énergie récupérée lors des phases de freinage.
Côté constitution, la 918 Spyder fait appel, non pas à un squelette en carbone comme sur la Carrera GT (l’un des plus belles réalisations qu’il nous ait été donné d’admirer), mais à une structure de matériaux composites, mâtinés de carbone, quand même. Alors que la Carrera GT avait dû se contenter d’une boîte mécanique à commande par levier (l’un des rares archaïsmes qu’on ait pu lui reprocher), la 918 Spyder bénéficie, elle, du dernier cri de la technique Porsche : une boîte PDK à double embrayage et sept rapports, commandée par des palettes au volant.
Reste à savoir si cette 918 Spyder restera ou non un simple et alléchant concept car de salon. Au vu du soin apporté à la réalisation, on est bien certain que non, et c’est une bien bonne nouvelle. Avec sa motorisation hybride telle que présentée ? ça, c’est un peu moins sûr…