C’était le dernier haut de gamme à la française. Après la Renault Vel Satis, puis la Peugeot 607, c’est au tour de la Citroën C6 de se retirer sans gloire, sur la pointe des pieds, avec à peine plus de 23 000 exemplaires diffusés en sept ans, une misère. Et sans remplaçante programmée à court terme. Mais peut-être que tout espoir n'est pas tout-à-fait perdu...
C’est l’histoire de la morte lente des voitures françaises de haut de gamme. Tandis que BMW, Audi et Mercedes, escortées de quelques Japonais comme Infiniti ou Lexus, se portent mieux que jamais, les marques françaises ont abdiqué l’une après l’autre.
Ça a d’abord été le fiasco (hélas trop prévisible) de la Renault Vel Satis, disparue en 2009, depuis remplacée par un ersatz (une Samsung coréenne hâtivement rebaptisée Latitude). Ça avait continué avec la Peugeot 607, partie sans descendance, laissant sa cadette la 508 tenir tant bien que mal le flambeau.
Et c’est aujourd’hui au tour de la Citroën C6 de tirer sa révérence, au terme d’une carrière plus que laborieuse, puisqu’il ne s’en est vendu que 23 384 exemplaires en sept ans de production. Ses ancêtres, elles, avaient fait infiniment mieux : la XM s’était écoulée à plus de 330 000 exemplaires entre 1989 et 2000, la CX avait été tirée à plus d’un million d’unités entre 1974 et 1989, tandis que la reine DS s’était diffusée à près d’un million et demi d’exemplaires, sur vingt ans il est vrai.
Mais voilà : au cours des neuf premiers mois de l’année, seulement 444 C6 avaient trouvé preneur, alors que dans le même temps les BMW Série 5, Audi A6 et autres Mercedes Classe E se diffusaient gaillardement à quelques 3 300 à 3 500 exemplaires chacune sur le sol français. Quand on pense qu’elles ne sont même pas le très haut de gamme, puisqu’il y a encore au-dessus d’elles des Série 7, des A7 et A8, des Classe S !
C’est dire qu’en matière de haut de gamme, les constructeurs français étaient déjà très loin du compte pour vraiment rivaliser avec les Allemands... Certes, il reste à Citroën la DS5, une très estimable et excellente grande routière, par ailleurs fort originale avec sa motorisation hybride diesel/électrique, qui a l’heur d’être la favorite du Président de la République. Mais est-ce vraiment suffisant pour en faire un véritable porte drapeau de l’industrie automobile made in France ? On peu craindre que non...
La vérité, c’est que faute de débouchés sur le marché nord-américain (les Français ayant par pusillanimité raté ces dernières années toutes les opportunités de retourner aux USA), il n’y a pas de viabilité économique possible pour des véritables haut de gamme tricolores. Et sans de gros V8 essence, point de salut ! La motorisation la plus étoffée de la C6 aura été un modeste V6 diesel HDI de 240 chevaux. Un peu juste pour espérer escalader l’Everest du haut de gamme allemand, qui lui bénéficie à plein du débouché américain...
Voilà donc, avec la disparition de la C6, l’industrie automobile française totalement orpheline de ses « petits » haut de gamme à elle. Définitivement ? Ou n’est-ce qu’une traversée du désert ? Peut-être que le salut viendra de la Chine, le nouvel eldorado automobile. Là bas, les nouveaux riches sont avides de véhicules de haut de gamme, justement, pour affirmer leur statut social tout neuf. Et il y a des places à prendre.
Il y a peu, Citroën avait peut-être lancé depuis Pékin un signal d’espoir avec son concept car Numéro 9. Qui pourrait devenir un jour une DS9. Mais quand ? Sans doute pas avant l’horizon 2015, au mieux. Jadis, John Lennon psalmodiait comme un mantra « number nine, number nine, number nine... ». Alors faisons comme lui. Et croisons les doigts...
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