Quand le chat n’est plus là, les souris dansent. En fin de carrière, le Scénic deuxième génération avait cédé son éternelle place de leader à plus jeune que lui : le C4 Picasso. Mais son successeur arrive, avec la ferme intention de remettre les pendules à l’heure.
Premier étage de la fusée : d’abord le Grand Scénic. En attendant le Scénic, qui fera son apparition en septembre. Fini de rigoler !
Faut-il le rappeler ? C’est bien Renault qui a inventé le monospace compact. C’était en 1996, à la suite de l’audacieux concept car MiniMax de 1991.
Longtemps la concurrence est restée dubitative. Puis devant l’évident succès du Scénic, a fini se lancer dans la bataille. Sans jamais pouvoir contester le leadership de Renault sur ce segment pendant plus de 10 ans. Avec, au total, 3,2 millions d’exemplaires diffusés dans toute l’Europe !
Ces derniers temps, les choses ont bien changé. L’offre est pléthorique, et les places sont devenues chères : il y a quelque 25 propositions de monospaces compacts. Citons-en quelques-uns : Opel Zafira, VW Touran, Toyota Corolla Verso, Ford C-Max. Sans compter des concurrents « transversaux » comme le tout récent Peugeot 3008, qui viennent perturber la partie.
Pour autant aucun n’est encore vraiment parvenu à faire de l’ombre à un Scénic vieillissant. Seul le Citroën C4 Picasso a réussi à devenir calife à la place du calife… Oh, pas depuis longtemps, et de très peu, de l’ordre de 1% de part de marché. Peanuts… Mais avec l’arrivée de la troisième génération, gageons que le roi Scénic reprendra très vite sa place sur SON trône !
Renault, cette fois, a choisi d’inverser les entrées en scène. D’abord le Grand Scénic, qui devrait tout de même représenter 30% du mix, ensuite le « petit » Scénic. Plus tard, en septembre…
Alors, quoi de neuf ? Rien. Et tout…
On ne change pas une formule qui gagne, on la peaufine ! Derrière une face avant qui rappelle la famille Mégane, la silhouette s’est allongée de sept centimètres (4,56 m), affinée, abaissée pour atténuer autant que possible le côté « transports en commun » propre au genre, sans évidemment sacrifier l’habitabilité, bien entendu primordiale. Avec un empattement augmenté de 3,4 cm, c’est mission accomplie. Figurez-vous que le nouveau Grand Scénic pourrait rivaliser, sur ce plan, avec… l’Espace deuxième génération, rien de moins ! De quoi accueillir confortablement cinq, voire sept passagers.
A l’intérieur, derrière le vaste pare brise, l’ambiance progresse vers plus de qualité, plus de confort, et tend vers le haut de gamme, avec une belle planche de bord en forme de douce vague qui recèle en son centre une instrumentation digitale au graphisme sympathique. Dommage que le compteur de vitesse soit constamment masqué par la jante du volant, quelle que soit sa position…
Côté modularité, la formule reste la même qu’avant, avec des sièges arrière escamotables et extractibles en cas de besoin. Ils sont un peu plus légers qu’avant… mais toujours bien lourds encore ! Leur manipulation a cependant été notablement améliorée avec des poignées placées au bon endroit et un vérin pour accompagner la mise en portefeuille des sièges, de sorte que même des enfants peuvent aisément accéder au troisième rang optionnel.
Quant aux rangements, le traditionnel point fort du Scénic, ils sont au nombre de 40 (!), répartis dans tout l’habitacle, sous le plancher, sous les sièges, un peu partout, pour un total de 92 litres. Va falloir prévoir une check-list pour explorer systématiquement toutes ces niches et récupérer ses petites affaires… Ajoutez-y un volume de coffre de 702 dm3 pour la version 7 places (quand les sièges supplémentaires sont escamotés), et 752 pour la version 5 places : voilà une vaste caverne d’Ali Baba !
Comme toute auto moderne qui se respecte, le Grand Scénic propose une offre multimedia complète, qui se pilote via une commande à mini-joystick, comme sur les berlines allemandes. On peut y ajouter une aide au stationnement sonore et visuelle, couplée à une caméra de recul, une première sur un monospace. Côté aide à la navigation, on pourra choisir entre un GPS Carminat traditionnel, ou un un TomTom intégré pour moins de 500 €. A ce prix-là, plus de raison de s’en passer !
L’offre moteurs est d’entrée de jeu très complète. Côté essence, on trouve un 1.6 de 110 chevaux, un 2.0 à boîte CVT (à variation continue) de 140 ch, et une nouvelle unité, le TCe 130, issu de la collaboration Renault/Nissan. Ce petit 1.4 Turbo équivaut à un 1.8 pour la puissance, et même un 2.0 traditionnel pour le couple, tout en prétendant à une consommation moyenne de 7,1 litres aux 100. Pas mal… Dommage qu’il soit affecté d’un malus écologique de 750 euros.
Comme le nouveau diesel haut de gamme, le dCi 160, fort de 160 chevaux comme son nom l’indique, et d’un couple élevé de 380 Nm. Les amateurs de boîte automatique auront eux recours au dCi 150, également muni d’un filtre à particules. Trois autres diesels devraient faire le gros des ventes : le dCi 105, le dCi 110, et le dCi 130, tous épargnés par le malus.
A l’usage, le Grand Scénic fait facilement oublier son poids et son gabarit généreux. L’assise haute se conjugue à une position de conduite de berline, qui permet de goûter à un comportement rigoureux, au roulis bien maîtrisé (mieux qu’un C4 Picasso), au prix toutefois d’un confort un peu ferme. La direction électrique recalibrée participe également de cette sensation de dynamisme plutôt plaisante, avec de meilleures remontées d’information dans le volant.
Enfin, les tarifs du Grand Scénic sont bien placés, compte tenu des généreuses dotations en équipement dans les six niveaux de finition… Ils s’échelonnent de 20 400 € (1.6 110 ch Authentique 5 places), à 32 900 € (dCi 150 FAP boîte auto Jade 7 places…
Renault semble donc s’être bien donné les moyens de reconquérir la place qu’il avait temporairement abandonné : la première.