Belle et expressive, la nouvelle Giulietta fait honneur, par sa plastique avantageuse, à sa glorieuse ancêtre des années 50, et à la meilleure tradition stylistique de la marque… qui n’avait pas toujours été respectée, loin de là.
Belle, la Giulietta l’est, incontestablement. Mais aussi plus raisonnable et rigoureuse au volant que véritablement « fofolle ». A défaut de susciter une passion dévastatrice, la nouvelle venue arbore un tempérament raisonnable et rassurant propre à conquérir bien des cœurs non encore atteints par le virus Alfa.
Par Jean-Michel Cravy
Exit, donc, la menue et gracile 147 (et toujours jolie, malgré son âge avancé). Place à la Giulietta, troisième du nom.
On se souvient peut-être que c’est par la première Giulietta (la berline, juste après le coupé) qu’Alfa Romeo avait quitté les cimes de l’automobile élitiste, vouée aux grands de ce monde, pour se frotter à une clientèle nettement plus « populaire », mais aussi bien plus large. Avec succès. La deuxième Giulietta, elle, bidouillée à la fin des années 70 sur une base d’Alfetta, avait beaucoup moins convaincu, à cause d’une silhouette « en coin » sans grâce, taillée à la serpe, mais aussi et surtout une finition intérieure « à l’italienne », une fiabilité « à l’italienne », et une propension à rouiller à vue d’œil… pas exclusivement « à l’italienne », celle-là, parce qu’équitablement partagée par tous les constructeurs européens de l’époque !
Aujourd’hui, Alfa Romeo ressuscite donc un patronyme qui est cher à son cœur et à la grande tradition romantique : « Romeo y Julieta, ah j’expire ! ». Non, on ne parle pas des cigares cubains, (ah j’inspire !). On cigare… pardon, on s’égare…
Mais aujourd’hui, aussi, il faut faire des produits sérieux, efficaces, concurrentiels, faute de quoi, point de salut. Telle est donc cette nouvelle Giulietta. Jolie, expressive, moderne de style et de conception. Derrière le traditionnel « mascarino », la silhouette (cinq portes, avec, comme il se doit, des poignées de portes arrière cachées dans les montants arrière) s’est considérément amplifiée, au point d’être nettement plus imposante que feue la 147 : 13 cm de plus en longueur, en passant de 4,22 à 4,35 mètres, qui en fait l’une des plus grandes « compactes » de sa catégorie.
A l’intérieur, il y a du progrès. Ah, on n’atteint pas encore le standard allemand (celui d’une Golf par exemple), mais il faut saluer l’effort, mâtiné de la petite touche « à l’italienne » qui va bien, avec un bandeau de planche de bord en plastique « laqué », qu’on pourra personnaliser à loisir, moyennant quelques finances optionnelles.
On est en revanche un peu déçu par l’habitabilité dévolue à l’arrière, notamment en termes de garde au toit ou de place aux jambes. Une Golf, 15 cm plus courte, fait mieux, c’est dire. Mais il faut bien faire quelques menus sacrifices au design, n’est ce pas ?
Alfa Bravo
On serait tenté en première analyse de dire à Alfa : bravo ! Acide et perfide allusion à une Fiat sur la plateforme de laquelle cette Giulietta serait bâtie. Erreur ! Cette Alfa inaugure une toute nouvelle plateforme qui ne doit rien à l’actuelle Bravo… mais dont sa remplaçante bénéficiera, évidemment.
Sur le plan de la mécanique, la Giulietta n’apporte rien de nouveau. Elle reprend intégralement la gamme en vigueur (entre MiTo et 159), avec deux moteurs 1.4 turbo essence MultiAir (cette technique de distribution électro-hydraulique évoluée de l’admission à calage variable), de 120 et 170 ch, et deux diesel JTDm de 105 et 170 chevaux (tous dotés du Start & Stop), auxquels s’ajoutera dès ce mois-ci la version la plus sportive de la gamme, la 1750 TBi de 235 chevaux. En attendant une hypothétique GTA dans un avenir plus ou moins lointain… Elle reprend aussi, de série sur toutes les motorisations, l’ESP couplé à un antipatinage, et le différentiel électronique Q2 inauguré en son temps sur la 147.
Si bien évidemment le cœur de gamme de cette Giulietta sera essentiellement constitué en diesel, et plus particulièrement la version la plus sage (105 ch, 4,4 l/100 en consommation mixte, 114 g/km d’émissions de C02 qui lui vaudront un bonus écologique de 500 €), nous n’avons pas résisté à l’envie de mettre l’accent sur la version essence la plus puissante actuellement disponible, la 1.4 MultiAir 170. Une Alfa, c’est d’abord le plaisir d’essence, n’est-ce pas ?
170 chevaux, c’est bien. Ça commence à faire, comme on dit. Ça assure des performances plutôt honorables, a priori. Sauf quand il faut emmener une auto frisant les 1 400 kilos… Si la vitesse maxi est donnée pour 218 km/h, ce qui n’est pas mal du tout, le 0 à 100 s’en tient à un petit 7,8 secondes, ce qui est nettement moins exceptionnel. Le poids, toujours le poids…
Le châssis, lui, est rigoureux, sain, net et correctement suspendu, (nettement plus satisfaisant que celui de la petite sœur, la MiTo), surtout avec le fameux « DNA » (Dynamic, Normal, All weather) mis sur la position Dynamic, cette gestion électronique qui agit sur les paramètres moteur (plus typés « sport »), la direction assistée (plus directe et plus ferme), l’accélérateur (plus réactif), le différentiel Q2 (plus pointu) et le contrôle de stabilité (moins intrusif), qui rend l’ensemble facile à conduire à très vive allure, à défaut de présenter un caractère réellement sportif. Ni de rendre cette Giulietta 1.4 170 plus performante pour autant. On s’en rend compte quand une « vieille » Punto GT de dix ans d’âge (et titrant 40 chevaux de moins) vous colle obstinément aux basques alors que vous êtes « à fond-à fond-à fond » dans de grandes enfilades prises au taquet…
On dira que c’est le prix à payer pour une auto moderne, dotée de tous les éléments de confort aujourd’hui indispensables (climatisation automatique bi-zone, entre autres) et capable d’assurer un 5 étoiles au test de l’Euro NCap, au cas où… Mais regrettons quand même que le verrouillage de la boîte (manuelle 6 rapports) soit si inutilement ferme.
Puisqu’on parle d’équipements, notons que cette Giulietta est plutôt très bien dotée avec par exemple, de série sur toutes les finitions, 6 airbags, le DNA, un autoradio CD/MP3, la clim déjà citée, des roues alliage (de 16 pouces en base, portées à 17 pouces en finition Selective), le Start & Stop, un volant cuir, un capteur de pluie et de luminosité et un radar de recul (à partir de la finition Distinctive).
Quant à la sellerie cuir, elle est de série sur la finition Selective. On peut y ajouter une présentation « cuir sport », moyennant 2 000 € sur distinctive, et 500 € sur Selective. Et les inserts de planche de bord personnalisés (blanc, rouge Alfa, alu foncé) oscillent entre 100 et 200 € de supplément. On peut y ajouter, en piochant dans le « programme de personnalisation » (ne dites pas : le catalogue des options !) : un pédalier « façon alu » pour 150 €, ou des étriers de freins rouges pour 500 €. Pas de doute : la leçon de la Fiat 500 a bien été retenue par les marketeurs du groupe italien…
Les prix, eux, sont relativement compétitifs, eu égard à l’équipement proposé, mais quand même typés « premium », avec des tarifs qui vont de 21 500 € pour une 1.4 Tjet 120 ch essence Impulsive, à 32 500 € pour une 1750 TBi QV, en passant par une 1.6 JTDm 105 ch « de base » à 23 750 € ou une 2.0 JTDm 170 Selective à 31 750 €. Des tarifs finalement non négligeables, qui trahissent les ambitions élevées d’Alfa Romeo pour son nouveau bébé. Souhaitons que la réponse des amateurs (nouveaux convertis ?) soit à la hauteur de ses attentes. Ce serait bien, ne serait-ce que pour fêter dignement les 100 ans de la marque au trèfle…
J.-M. C.
Fiche technique
Alfa Romeo Giulietta 1.4 MultiAir 170 ch
Carrosserie : berline compacte 5 portes (exclusivement)
Dimensions (L/l/h) : 4,35/1,80/1,46
Coffre : 350 dm3
Moteur : 4 cylindres turbo à calage variable « MultiAir »
Cylindrée : 1 368 cm3
Puissance : 170 ch à 5 500 tr/mn
Couple : 230 Nm à 2 250 tr/mn
Transmission : aux roues avant
Boîte de vitesses : manuelle 6 rapports
Trains roulants : AV : pseudo MacPherson, AR : multibras.
Roues : 205/55 R16 sur jantes alu 16 pouces
Vitesse maxi : 218 km/h
0 à 100 km/h : 7,8 s
Consommation mixte : 5,8 l/100
Emissions de CO2 : 134 g/km
Tarifs
26 000 € (Distinctive), 28 500 € (Selective)