La marque Lancia n’en finit pas de revenir. Sur un passé glorieux en rallye dans les années 70/90. Sur un marché français qu’elle avait fini par presque déserter.
La Delta se veut l’outil de la reconquête. Et plus encore cette version diesel particulièrement musclée…
Lancia ! Sans remonter à la préhistoire, à la création de la marque par Vincenzo Lancia en 1906, ses débuts tonitruants en compétition, ses fameux moteurs V4, la non moins fameuse traction avant dont Vincenzo s’était fait le champion, ses nombreux modèles qui marquèrent l’histoire automobile jusque dans les années 60 (Lambda, Aprilia, Aurelia, Flaminia, pour n’en citer que quelques unes…), la marque italienne s’est surtout fait une forte réputation entre les années 70 et les années 90. En rallye d’abord. Avec la Fulvia, la Stratos, la Rally 037, la Delta Integrale…
Mais aussi sur le plan commercial, avec entre autres la Beta, la Gamma, la Thema, les petites (A 112, Y10, Y), et surtout la Delta qui fut longtemps le fer de lance de la marque dans la catégorie des berlines moyennes. Une voiture qui finit par quitter la scène en 2000 sans avoir eu de descendance… Jusqu’à l’actuelle Delta, lancée en 2008. Enfin, pourrait-on dire ! Une telle déserrance, laissant un trou béant entre la jolie petite Ypsilon et la mésestimée Thésis était proprement incompréhensible…
Mais enfin Fiat, la marque tutélaire, semble enfin décidée à sérieusement relancer un pivot essentiel d’une gamme quand on prétend exister hors de ses frontières historiques. Et reprendre toute sa place sur le marché. Avec une Delta new look qui certes est loin de passer inaperçu ! Un style pour le moins osé, avec cette face avant agressive, mélange de néo-rétro et de modernisme affecté, ce fort décrochement de la ceinture de caisse au niveau des pieds de pare brise, ce toit panoramique fumé rejoint dans un arrondi original de la poupe… Un style « clivant » comme on dit. Qui ne plait pas forcément à tout le monde. Pas grave : la Delta n’aspire pas aux scores de ventes d’une Golf. Juste à se faire une clientèle triée sur le volet, amatrice d’objets originaux et décalés, spacieux de surcroît, puisque cette Lancia atteint 4,52 m de long.
Côté motorisations, la Delta disposait déjà de deux 1.4 essence de 120 et 150 chevaux, d’un diesel Multijet de 120 ch qui fait à lui seul 70% des ventes, secondé par une version 165 chevaux. Mais il fallait à la Delta un fort supplément d’âme, histoire de marquer sa différence, et de renforcer sa personnalité. Ce seront un 1.8 T-Jet à injection directe d’essence titrant 200 chevaux, et un nouveau diesel, un 1.9 Twinturbo affichant 190 chevaux, et 400 Nm de couple. Le tout s’accompagnant d’une nouvelle finition haut de gamme Executive, visant à prendre la place laissée vacante par la Thésis qui a discrètement quitté la scène…
Twinturbo : l’appellation dit tout. Le classique 1.9 Multijet Fiat est ici doté de deux turbos, un petit qui souffle seul jusqu’à 1 500 tr/mn, secondé au delà par un gros jusqu’à 3 000 tours, régime auquel seul le gros turbo officie. Le but du jeu étant d’allier souplesse à bas régime et gros souffle jusqu’à la limite de la régulation. Et pas de doute : ça marche. Fort ! Point besoin de trop tirer sur les régimes pour s’offrir des relances toniques et musclées… On n’a pas dit sportives. Ce n’est pas le programme de cette Delta 1.9 Twinturbo, nettement orientée vers le grand tourisme au long cours, avec un confort de bon aloi, seulement perturbé par les percussions de roues ressenties avec les grosses jantes de 18 pouces, qui campent bien visuellement la voiture, mais dont on pourrait facilement se passer à l’usage.
Sur le plan des prestations économiques, ce 1.9 Twinturbo ne fait pas payer cher ses performances, puisque la consommation mixte conventionnelle s’établit à 5,7 l/100 (sensiblement plus dans la réalité !), et des émission de C02 de 149 g/km, ce qui le place dans la zone neutre de la pastille « écologique ». Pas mal… On regrettera quand même la présentation désinvolte de cette mécanique sous le capot, genre usine à gaz mal fagotée. Un peu plus de goût n’aurait pas nui, sans coûter un centime de plus. On nous dira « qui ouvre le capot d’une voiture aujourd’hui ? ». On répondra « quand on est fier de son moteur, on le montre »… Mais là, il vaudra mieux s’abstenir !
La finition Executive se caractérise essentiellement par des projecteurs au xénon, une alerte de franchissement de ligne, un système audio Bose de haut de gamme, et surtout une planche de bord revêtue d’un beau cuir Poltrona Frau, en renfort de la sellerie cuir de la Lusso. Qui a au moins l’avantage de cacher une partie des plastiques de l’habitacle, dont on aurait pu espérer qu’ils soient d’une apparence plus flatteuse, et plus conforme à la vocation affichée de cette auto…
A noter que cette finition Executive perd l’avantage de la banquette arrière coulissante qui est par ailleurs l’une des originalités de la Delta. A 4 000 € de plus qu’une Lusso… à vous de choisir !
Pour tout savoir
Lancia Delta 1.9 Diesel Twinturbo Multijet
Dimensions (L/l/h) : 4,52/1,53/1,50 m
Moteur : 4 cyl. 16 soupapes, Common Rail, 2 turbos
Cylindrée : 1 910 cm3
Puissance : 190 ch à 4 000 tr/mn
Couple : 400 Nm à 2 000 tr/mn
Boîte : manuelle 6 rapports
Transmission : aux roues avant
Vitesse maxi : 222 km/h
0 à 100 km/h : 7,9 s
Consommation mixte : 5,7 l/100
Emissions de C02 : 149 g/km (ni bonus ni malus)
Prix :
Platino : 30 800 €
Lusso : 33 800 €
Executive : 37 800 €