Toyota, on le sait, est l’incontestable pionnier de la motorisation hybride, avec déjà plus de 4 millions d’exemplaires vendus en 15 ans, de Prius principalement. Et entend bien poursuivre son offensive et assurer son leadership technique en investissant le créneau stratégique de la citadine. La ville... là où, justement, une petite voiture hybride se justifierait pleinement. Et, avec l’aide d’un bonus très incitatif, il se pourrait bien que cette Yaris à motorisation mixte soit apte à postuler au titre envié de petite reine des cités. Une auto qui, soit dit en passant, est "made in France". Ce qui ne gâte rien...
Par Jean-Michel Cravy
Vous aviez remarqué ? Bien sûr : le prix du carburant flambe à la pompe... Et ce n’est pas près de s’arrêter, hélas. Une tendance lourde, comme on dit. Les solutions alternatives ? L’hydrogène ? Oui, peut-être, d’ici quelques dizaines d’années, si tout va bien. L’électrique ? Bah, bof... Vous connaissez notre sentiment là dessus : si la voiture électrique pure devait se généraliser, ce sera, en tout état de cause, au prix de quelques tranches nucléaires supplémentaires. Il faut en avoir conscience et dès lors assumer pleinement ce choix de société, avec toutes ses conséquences, pas spécialement « écologiques ». Alors pour l’heure, la solution, la seule, n’est que partielle, intermédiaire. En un mot : hybride ! Un zeste d’appoint électrique pour réduire sa consommation de carburant fossile, histoire de mieux respirer en ville, et surtout d’alléger la facture de nos déplacements.
C’est sans doute cette intuition née au cours des années 90 dans les services de Recherche et Développement de Toyota, le premier constructeur mondial, qui l’a poussé à défricher cette voie là, avec la conscience qu’on ne pourra pas avant longtemps se passer des dérivés du pétrole, mais qu’on pouvait soulager sa consommation en mariant un traditionnel moteur thermique avec l’appoint d’un moteur électrique. Ça a été la Prius, qui en est à sa troisième génération. Puis (sans compter les dérivés déclinés chez Lexus, la marque de luxe du géant japonais) la compacte Auris. Aujourd’hui, Toyota franchit un nouveau pas, qu’il espère décisif, en proposant une motorisation hybride dans un gabarit de citadine, 3,90 m seulement.
La ville... Là où précisément une motorisation hybride bien pensée pourrait faire merveille. C’est tout le pari fait par Toyota avec cette Yaris dite « full hybride », c’est-à-dire que le moteur électrique n’est pas qu’un simple appoint (comme dans la Honda Jazz), mais est capable de fonctionner seul. Un petit exploit, soit dit en passant, pour parvenir à intégrer cette technique complexe (moteur, transmission, batteries stockés sous la banquette arrière, ce qui préserve la capacité du coffre, 286 dm3) dans un aussi petit volume. Miniaturisée, elle pèse 42 kilos de moins que dans l’Auris. Pour ça, Toyota, outre un réservoir d’essence à la capacité réduite de 42 à 36 litres, a choisi un moteur thermique de petite cylindrée (1 497 cm3) titrant 75 chevaux, associé à un moteur électrique délivrant 45 ch à lui tout seul, soit une puissance cumulée à pleine charge de 100 chevaux.
Oui, on sait, ne sortez pas votre calculette : dans une hybride, on n’additionne pas bêtement la puissance d’un thermique à celle d’un électrique. C’est comme ça, et pas autrement !
Et un pari économique aussi, mais ça, on y reviendra plus en détail. Concrètement, comment ça se présente ? Pas mal du tout. Bien même...
En ville, la Yaris Hybride (qui se distingue essentiellement de ses sœurs conventionnelles par sa calandre largement agrandie, ses jantes spécifiques et ses feux à diodes à l’arrière) se conduit comme un vélo. Ou, si vous préférez, comme une voiture électrique.
Contact, position Drive de la boîte à convertisseur, et ça roule. En silence, sur le moteur électrique. En principe, on peut se contenter de cette motorisation là jusqu’à 50 km/h, à condition bien entendu de ne pas avoir le pied trop lourd sur l’accélérateur. Sinon le moteur thermique entre dans la danse. Pendant combien de temps ? Un certain temps, comme aurait dit Fernand Raynaud. Tout dépend du mode de conduite, des conditions de circulation, et du temps qu’on passe en ville, ça va de soi. Mais bien que les valeurs officiellement revendiquées par le constructeur ne puissent jamais être atteintes, on peut quand même compter sur un excellent bilan de 4,5 litres aux 100 en utilisation réelle mixte (ville, péri-urbain, route, et même autoroute).
Oui, parce que malgré sa vocation citadine prioritaire, la Yaris Hybride est –aussi- capable d’affronter les grands espaces routiers. Avec 100 ch, pensez donc ! Alors, c’est vrai, le moteur thermique a tendance à « mouliner » bruyamment sous l’effet de la boîte à convertisseur si on la force trop. Mais avec un peu d’habitude, et en changeant un peu ses habitudes de conduite, on parvient assez bien à en tirer le meilleur sans en subir les désagréments. Et même à se prendre pour un « conducteur citoyen » à la conduite apaisée. C’est un jeu qui n’est si pas désagréable, au fond...
En résumé, oui, une Yaris Hybride (une voiture « française », soit dit en passant, puisque fabriquée à Valenciennes, dans le Nord de la France, quand certains constructeurs soi-disant « nationaux » n’hésitent pas à délocaliser à outrance dans des pays exotiques à bas coût de main d’oeuvre), ça le fait à l’usage. En ville principalement. Mais sur la route aussi. Une Yaris Hybride, ça peut vous emmener sans rougir, et courageusement à l’autre bout de la France. Ça revendique à 0 à 100 km/h en 11,8 secondes, et une vitesse de pointe de 165 km/h, ce qui n’est pas déshonorant, s’agissant d’une simple citadine, rappelons le...
Bon. Reste la grande question du « combien ça coûte, tout ça ? » Et « combien ça rapporte, la conduite citoyenne ? ». L’autre challenge, c’était pour Toyota (et ses clients !) la validité du modèle économique d’une petite hybride face à une voiture conventionnelle, qu’elle soit à essence ou marchant au mazout. Parce que une motorisation hybride, « ça coûte »... Le pari n’aurait sans doute pas été réussi sans l’appoint bienveillant du « bonus écolo », que le nouveau gouvernement vient de réviser à la hausse, s’agissant des voitures « écolo-citoyennes ». Concrètement, une Yaris Hybride est tarifée 18 500 € en finition de base Dynamic, et 20 500 en finition Style (avec des roues de 16 pouces, une sellerie mi-cuir à surpiqures bleues et un détecteur de pluie). Soit, évidemment plus cher qu’une Yaris 1.3 VVTi essence à boîte CVT (17 900 €), ou une Yaris D-4D diesel de 90 chevaux (17 200 €).
Sauf que par la magie du fameux bonus écologique gouvernemental, la Yaris Hybride encaisse, grâce à ses émissions de CO2 réduites à 79 g/km (85 grammes avec les jantes de 16 pouces) un avantage de 2 000 € (alors que la Diesel D4-D, par exemple, se contente royalement de 100 roupies...). Surtout que la Yaris Hybride est plutôt mieux équipée en base (climatisation automatique bi-zone, 4 freins à disque). Alors là, ça change tout, évidemment, sachant que l’entretien risque d’être moins onéreux à l’usage. Alors, oui, ça mérite réflexion, calculette en mains.
En tous cas, loin des théories fumeuses et improbables de certain patron d’un constructeur français (on a le nom !), Toyota, lui, fait une proposition plus qu’honnête avec sa citadine Yaris, désormais proposée avec trois types de motorisation : essence, diesel, hybride. A la condition de s’accommoder dans tous les cas d’une finition intérieure guère valorisante à cause de plastiques peu avenants, vous avez désormais le choix des armes...
J.-M. C.
Toyota Yaris Hybride
La fiche technique
Dimensions (L/l/h) : 3,90/1,69/1,51 m
Poids : 1 085 kg
Coffre : 286 dm3
Réservoir : 36 litres
Moteur thermique : 4 cyl. Essence 1 497 cm3
Puissance : 75 ch à 4 800 tr/mn
Couple : 111 Nm à 3 600 tr/mn
Moteur électrique : synchrone à aimant permanent
Puissance : 45 ch
Couple : 169 Nm
Puissance cumulée (thermique + électrique) : 100 ch
Transmission : boîte à variation continue (E-CVT)
0 à 100 km/h : 11,8 secondes
Vitesse maxi : 165 km/h
Consommation mixte normalisée : 3,5 l/100 (3,7 avec roues de 16 pouces)
Emissions de CO2 : 79 g/km (85 avec roues de 16 pouces)
Les finitions, les tarifs
Dynamic (jantes tôle 15 pouces, rétroviseurs électriques, phares antibrouillard, écran tactile multifonctions, autoradio/lecteur de CD/Bluetooth/USB/MP3, commandes au volant, démarrage sans clé, climatisation automatique bi-zone, volant cuir, ABS, ESP, 7 airbags, assistance au démarrage en côte) :
18 500 € (- bonus de 2 000 €)
Style (en plus : jantes alliage 16 pouces, rétroviseurs dégivrants, accès sans clé, régulateur de vitesse, boîte à gants ventilée, vitres arrière électriques, sellerie mi cuir) :
20 500 € (- bonus de 2 000 €)
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